2023.11.15

2023.11.15

Semaine nationale de sensibilisation aux dépendances

Être dépendant à une substance, qu’elle soit licite ou non, c’est d’abord une maladie. La personne qui en souffre n’est pas dépendante par choix. Elle a droit au soutien et aux services comme pour toutes les personnes aux prises avec un problème de santé.

Des paroles qui blessent

Mais parfois, sans trop y penser, nous utilisons des mots, des expressions, qui renforcent le sentiment de culpabilité chez la personne d’être responsable de son sort et de ne pas être assez forte pour se débarrasser du problème. On parle de mots qui stigmatisent, qui ont un sens lourd, voire discriminant, pour les personnes qui les reçoivent.

Il est de notre responsabilité de tendre la main, de faire comprendre à nos consœurs et à nos confrères aux prises avec des dépendances que nous sommes là pour leur venir en aide. La première étape est donc de recourir à des mots centrés sur la personne et ses besoins et non sur son état.

Revisiter 5 mots

Dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation aux dépendances, du 19 au 25 novembre 2023, nous vous invitons à revisiter cinq mots utilisés lorsqu’il est question de dépendances et qui ont ce potentiel de stigmatiser ou de blesser les personnes aux prises avec un problème de dépendance. Nous vous proposons un nouveau vocabulaire qui permettra à cette personne de se sentir soutenue et non négligée, stigmatisée.

La stigmatisation réfère aux attitudes, croyances ou comportements négatifs à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur situation personnelle. Elle inclut la discrimination, les préjugés, le jugement et les stéréotypes qui peuvent isoler les personnes qui consomment des substances psychoactives.

« Dope »

Il est facile de parler de la substance consommée par son appellation commune, les « noms de la rue » : la dope, la poudre, le mush, la bibine, la clope. Ces termes en soi ne sont pas dommageables, c’est l’ensemble des représentations qui y sont associées qui stigmatisent les personnes.

La première image qui vient trop souvent en tête quand il est question de bibine n’est-elle pas celle de l’itinérant ? Le coké n’est-il pas le professionnel qui réussit grâce au boost de sa ligne? Les stéréotypes et préjugés enferment la personne dans un rôle qui l’empêche de chercher de l’aide ou d’avoir accès à des soins ou traitements pour sa dépendance.

Parlons plutôt d’une substance psychoactive, terme qui désigne un ensemble de substances pouvant altérer les fonctions mentales et cognitives d’une personne : douleur, plaisir, humeur, la perception même de la réalité.

Parfois, une personne amorcera une consommation dans un cadre légal, via une prescription médicale, et se verra obligée de contrôler sa dépendance avec des substances vendues dans la rue de façon illégale.

En changeant le choix des mots pour désigner la substance qui est consommée, nous permettrons de neutraliser la charge négative qui y est associée. La personne se sent moins jugée, car on retire les préjugés associés aux termes péjoratifs.

Évitons les formules comme « il prend de la boisson très souvent », « sans sa ligne de poudre, il fonctionne tout croche », « elle a l’air d’avoir pris trop de Valiums ». Ces personnes consomment des substances psychoactives pour répondre à une dépendance, c’est une maladie. Retirons le poids des mots!

« Accro »

« T’es accro, alcoolo, toxico, camé ! » Autant de mots qui désignent un état de la personne et non sa dépendance, sa maladie. En identifiant les personnes qui consomment des substances psychoactives par ces termes stigmatisants, on les enferme dans une situation dans laquelle ils ne peuvent plus sortir sans des efforts immenses.

Les utilisatrices et utilisateurs qui sont désignés par ces termes ont l’impression d’être incapables de se prendre en main, de sortir de la situation. Pourtant, ce ne sont pas toutes les utilisatrices et tous les utilisateurs de substances qui sont dépendants. Une consommation « récréative », ce terme minimise la gravité des troubles liés à l’utilisation de substances en tant que problème de santé et ne reflète pas le fait que de nombreuses personnes s’autoadministrent des substances pour gérer et soulager des douleurs physiques ou émotionnelles.

Pour certains, il est vrai qu’il s’agit d’une maladie qui doit être reconnue comme telle et doit permettre l’accès à des soins. Cette dépendance est due à un déséquilibre du fonctionnement neurobiologique à la suite d’une consommation régulière d’une substance psychoactive. Ce déséquilibre entraîne l’envie de consommer à nouveau la substance psychoactive, pour ne pas subir les effets désagréables consécutifs à l’arrêt de sa prise.

Parlons plutôt de personnes qui souffrent d’un trouble lié à l’utilisation, la consommation ou l’usage de substances. De personnes qui consomment, utilisent des substances occasionnellement ou à des fins non médicales.

Dans le fond, un alcoolique est une personne aux prises avec des problèmes de consommation d’alcool.

« Se défoncer »

« Se défoncer », « être dans les vapes », « gelé comme une balle », « chaud à se rouler », ce sont des termes négatifs, blessant pour la personne. Ils renvoient tous à une perte de contrôle et de maîtrise alors qu’il s’agit au contraire d’un état incontrôlable, voire une maladie.

On dit alors que ces personnes sont dans le déni. Toutefois, ce déni peut découler simplement d’une perception inadéquate de la situation. Il faut plutôt s’exprimer en mettant l’accent sur les difficultés liées à la consommation. La personne n’est plus capable de contrôler sa consommation.

Qu’on s’en rende compte ou non, la perte de contrôle de la consommation est un autre signe que celle-ci est devenue problématique. Il se peut que la personne recherche un BUZZ et qu’elle ait un besoin intense d’euphorie, le résultat va être le même.

La douleur est si intense à l’intérieur qu’elle fait mal et est lourde à porter. Lorsque les gens consomment, ils essaient de ne plus souffrir pour un moment.

Prendre la bonne manière d’exprimer ce que l’on voit et ne pas juger, comprendre la souffrance de la consommatrice ou du consommateur va permettre de mieux soutenir ses efforts pour s’en sortir.

« Retomber »

On utilise ce verbe pour parler d’une personne qui vit une rechute ou un écart. Il s’agit d’un retour, pour elle, aux anciennes habitudes de consommation de manière régulière ou à une seule occasion.

Dans le processus de rétablissement d’un trouble d’utilisation de substance, la rechute en fait partie.

La personne doit comprendre ce qui a mené à cette situation. Ainsi, elle pourra modifier ou pas ses comportements. Elle est cependant consciente des conséquences qui viennent avec ses choix. Il faut être conscient que la motivation de la personne est clairement affectée lors de cet événement.

L’entourage et le soutien de celui-ci sont importants à ces moments.

La personne doit également s’entourer de personnes qui lui font du bien, qui ne sont pas là pour l’écraser encore plus ou la diminuer dans sa volonté de se sortir de sa dépendance. Ce que l’utilisation du mot retomber peut signifier.

« Arrange-toi »

Il est facile en tant que spectateur d’une situation de dire ces deux mots. Le jugement est également lourd de sens. Il peut être facile pour nous de placer le tout sur les épaules de la personne. On se dit, à tort, que c’est quand même sa responsabilité dans toute l’histoire. Ceci n’est pas aidant pour la personne, au contraire.

À un certain moment de la maladie de dépendance, il y a plus qu’une question de volonté et de motivation pour s’en sortir. Un environnement aidant et soutenant peut faire toute la différence.

Tendre la main et soutenir sont des actions qui aideront la personne à se retrouver.

Aider la personne à comprendre ce qui lui arrive au lieu de l’accuser ou de la « peinturer dans un coin » est nettement plus facilitant autant pour elle que pour nous. On permet à la personne de mettre toutes les chances de son côté. Bien entendu, c’est elle qui fait les choix avec les conséquences qui viennent avec ceux-ci. Mais avoir un entourage aidant fera en sorte que les nouvelles habitudes de vie de la personne perdurent dans le temps.

Parfois, se mettre à la place de l’autre nous permet d’ouvrir nos œillères et de comprendre la réalité de l’autre et nous aide à devenir aidant au lieu de persécutant avec nos gestes et paroles.

Les paroles blessent. Le choix des mots est important quand nous constatons qu’un confrère ou une consœur souffre d’un problème lié à la consommation de substances psychoactives. Que cette dernière soit légale ou pas, qu’elle soit douce ou pas, elle ne doit pas servir à stigmatiser la personne.

L’utilisation de termes péjoratifs ou stigmatisants n’aide en rien la personne à chercher de l’aide, à échanger sur sa consommation ou à trouver des solutions afin de réduire les conséquences de l’utilisation de substances.

«As-tu besoin d’aide», «Je suis là pour toi», «Viens-me voir si tu as besoin de parler»: des petites phrases qui soulagent du poids des mots. Les personnes déléguées sociales dans les milieux de travail sont là pour soutenir et aider.

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