2004.03.16

2004.03.16

Taux de présence syndicale au Québec : La progression va-t-elle continuer? – René Roy

L’auteur est secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)


Pour la quatrième année d’affilée, le taux de présence syndicale a augmenté au Québec en 2003. Pour la quatrième année également, le Québec se classe à cet égard au premier rang au Canada et en Amérique du Nord. Nous sommes encore loin des taux plus élevés atteints dans les pays scandinaves et quelques autres pays d’Europe, mais c’est une réussite remarquable.

Cette performance témoigne de la vitalité de notre mouvement syndical, contrairement à ce qu’affirment certains analystes, de droite ou de gauche, qui parlent du déclin des syndicats chez nous. Certes, le syndicalisme ne se pratique plus aujourd’hui exactement comme dans les années soixante ou soixante-dix, signe qu’il évolue avec son temps et sait s’adapter au monde qui change, comme en témoigne notamment l’action du Fonds de solidarité de la FTQ. Mais sa force et son rapport de force sont toujours bel et bien là.

Selon le dernier relevé annuel de Statistique Canada, le taux de présence syndicale au Québec en 2003 est monté à 41,2% de la main-d’œuvre, comparé à 40,4% % en 2002 et à 39,5% en 1999. Cette progression s’est traduite par l’arrivée de 44 000 nouveaux syndiqués l’an dernier et 200 000 depuis cinq ans, ce qui en a porté le nombre total à plus de un million trois cent trois mille.

En comparaison, pour l’ensemble du Canada, le taux se situe 32,4 %, en très légère hausse sur l’année précédente (32,2 %). Dans presque toutes les provinces canadiennes, le taux de présence syndicale est resté sensiblement le même en 2003. Aux États-Unis, le taux stagne à moins de 15 %.

Selon le relevé effectué par notre service de la recherche à partir des données gouvernementales, la FTQ représente environ 43 % des syndiqués au Québec, les syndicats indépendants 23 %, la CSN 21 %, la CSQ 9 % et la CSD 4 %.

Des motifs d’inquiétude

Malgré ces progrès, nous avons cependant des motifs d’inquiétude. On peut craindre en effet que la progression du taux de présence syndicale soit stoppée, et même que nous subissions des reculs, à la suite des lois antisyndicales votées sous le bâillon par le gouvernement Charest à l’automne, en particulier les amendements au Code du travail qui ouvrent toute grande la porte à la sous-traitance de cheap labor. N’oublions pas aussi ces lois adoptées pour empêcher carrément la syndicalisation de deux groupes : le personnel des garderies en milieu familial et les personnes qui gardent à domicile des aînés ou des gens en perte d’autonomie.

Autre motif d’inquiétude : la grande différence qui persiste entre le taux de présence syndicale dans le secteur public, qui atteint 81,4 % de la main-d’œuvre, et dans le secteur privé, qui n’est que de 28,4 %. Pour le secteur privé, on note quand même une progression de un point de pourcentage en un an. Le faible taux de présence syndicale dans le secteur privé explique pourquoi la FTQ s’est toujours battue et se bat encore pour améliorer la législation du travail en vue de faciliter l’accès à la syndicalisation, surtout pour les petits salariés. Car le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté, c’est non seulement d’avoir un emploi, mais d’avoir un emploi syndiqué.

L’avantage syndical

Selon Statistique Canada, le salaire horaire moyen des syndiqués (hommes et femmes) au Québec en 2003 est de 20,01 $, alors que celui des non-syndiqués est de 15,67 $, un écart de 4,34 $ l’heure en faveur des syndiqués.

L’avantage syndical est plus grand pour les femmes que pour les hommes. Ainsi, le salaire horaire moyen des femmes syndiquées est de 19,17 $, comparé à 13,87 $ pour les non-syndiquées. Chez les hommes, le salaire horaire moyen des syndiqués est de 20,73 $, comparé à 17,45 $ pour les non-syndiqués. Et ce, sans parler des meilleures conditions de travail et des avantages sociaux comme les régimes d’assurances et de retraite.

Les femmes et les jeunes

Le principal défi du mouvement syndical reste de s’implanter davantage dans le secteur tertiaire privé, parmi le personnel de bureau, de commerces et de services. La FTQ et ses affiliés ont mis en oeuvre des stratégies de recrutement plus ciblées qui ont commencé à porter des fruits. Nous avons notamment pour objectif d’augmenter notre membership féminin, qui représente actuellement un peu plus du tiers de notre effectif.

Un sondage Léger Marketing réalisé pour le compte de la FTQ, en juin 2002, révélait que 42 % des salariés non syndiqués préféreraient être syndiqués s’ils en avaient le choix. Cette proportion montait à presque 60 % chez les jeunes de 18 à 24 ans.

Ce dernier résultat est fort encourageant, car ce sont les moins de 25 ans qui vont assurer non seulement le rajeunissement mais aussi la continuité et la progression du mouvement syndical. Grâce à eux, je suis persuadé que les syndicats continueront d’être au cœur de la lutte des travailleurs et des travailleuses pour conquérir, par l’action collective et la solidarité, de meilleures conditions de travail et de vie et, surtout, plus de dignité et de respect.

Taux de présence syndicale 2003
%
Canada
32,4
Québec
41,2
Terre-Neuve
39,6
Manitoba
37,3
Saskatchewan
35,7
Colombie-Britannique
33,8
Île-du-Prince-Édouard
29,8
Nouvelle-Écosse
28,6
Ontario
28,5
Nouveau-Brunswick
27,8
Alberta
24,5
Progression du taux de présence syndicale au Québec (1999-2003)
Année
%
1999
39,5
2000
39,9
2001
40,4
2002
40,4
2003
41,2
Répartition des effectifs syndicaux au Québec (2003)
%
FTQ
43
Indépendants
23
CSN
21
CSQ
9
CSD
4

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