2004.10.06

2004.10.06

Des jeunes à la défense de la formule RAND

Il est plutôt rare que nous publions des commentaires dans Le Monde ouvrier. Comme il y a des exceptions à toute règle, nous avons jugé que celui-ci était d’intérêt général.

Depuis que les jeunes libéraux ont proposé l’abolition de la formule Rand, un vent de tollés a soufflé sur le Québec. La plupart des commentaires que j’ai entendus et lus affirmaient que les jeunes ne comprenaient pas l’histoire de l’adoption de la formule Rand. Bref, que nous sommes une génération mal informée et peu soucieuse du monde syndical.

Assez ! Je crois qu’il est temps de remettre les pendules à l’heure et de cesser ces généralités qui ne font qu’attiser les conflits intergénérationnels et les préjugés. Tout d’abord, je tiens à préciser que les jeunes libéraux ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la jeunesse québécoise. Au contraire, je ne suis certainement pas la seule persuadée du bien-fondé de la formule Rand car elle empêche la création d’une sous-catégorie d’employés dans les entreprises, les travailleurs protégés par le syndicat et les autres. Nous serions bêtes de revendiquer la disparition d’une mesure qui réduit l’exploitation. L’abolition de la formule Rand ne viendrait certainement pas mettre davantage de démocratie dans les milieux de travail. Son principal effet pervers serait de placer les syndicats dans la précarité. Il faudrait que certains fassent leurs devoirs avant de mettre sur la table une telle proposition. J’aimerais beaucoup que l’aile jeunesse du Parti libéral m’explique en quoi cette abolition serait profitable pour les jeunes.

Pour faire taire les mauvaises langues, sachez que les 18-35 ans sont beaucoup plus intéressés qu’on le laisse croire par le monde syndical et savent très bien qu’il est à leur avantage d’occuper un emploi syndiqué. En 2003, un travailleur syndiqué gagnait en moyenne 4,34 $ de plus qu’un travailleur non syndiqué selon les chiffres de Statistique Canada. Cette donnée n’est pas négligeable, mais je vous dirais que notre intérêt pour le syndicalisme dépasse le simple argument économique et découle du fait que cette forme d’organisation permet l’émancipation des travailleurs. Nous n’avons pas rejeté du revers de la main le sens collectif au profit d’un individualisme sans avenir. Les valeurs néolibérales sont loin de faire l’unanimité. Contrairement aux jeunes libéraux, le remplacement de l’ancienneté comme mode de gestion par un critère de compétence me fait frémir. Et mes compétences, qui les évaluera lorsqu’il y aura des fermetures de postes? Même s’il reste encore beaucoup de travail à accomplir, je crois que les jeunes sont de plus en plus sensibilisés au fait que c’est ensemble que nous pouvons changer les choses et faire un contre-poids solide au patronat.

Je tiens aussi à mettre un terme à la rumeur qui voudrait que les syndicats ne s’intéressent pas à la jeunesse québécoise. Pour démentir cela, je dirais que mes amis et moi avons eu l’idée de syndiquer notre milieu de travail cette année. Avec le support de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) affiliée à la FTQ, nous avons réussi à fonder, le 30 avril 2004, le SÉTUE (Syndicat des étudiants-es employés-es) de l’UQAM. En syndiquant ces 1300 membres, l’AFPC a gagné son pari. Premièrement, ce syndicat vient de donner à tous ces jeunes étudiants employés universitaires l’occasion d’occuper un emploi syndiqué. Lorsqu’elle sera sur le marché du travail à temps plein, cette nouvelle main-d’œuvre sera donc plus susceptible d’initier une démarche syndicale. Deuxièmement, l’AFPC a démontré qu’il n’était pas plus difficile de syndiquer cette clientèle plutôt qu’une autre. Les sceptiques n’ont qu’à bien se tenir, il existe une nouvelle génération de syndicalistes québécois, et elle n’a pas dit son dernier mot!

Isabelle Renaud
Vice-présidente
Syndicat des étudiants-es employés-es de l’UQAM
(AFPC-FTQ)

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