2023.12.14

2023.12.14

Exploitation dans les entrepôts Amazon et Dollarama – La CNESST doit intervenir

Lettre ouverte de Magali Picard, présidente de la FTQ


Des travailleuses et des travailleurs qui ont peur de représailles et qui n’osent pas dénoncer les accidents de travail, des inspecteurs de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui interviennent de manière inadéquate, et une surveillance électronique abusive : on savait la situation alarmante depuis longtemps, mais le rapport dévoilé samedi dernier par le Groupe interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS) confirme nos craintes pour la santé et la sécurité des travailleuses et travailleurs dans les entrepôts d’Amazon et de Dollarama. À la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), nous jugeons qu’il est grand temps pour la CNESST d’intervenir afin de mieux protéger les travailleuses et travailleurs.

Quand la nature et la lourdeur du travail entraînent une détérioration de la santé mentale et physique des personnes qui sont contraintes de s’y soumettre à cause d’une situation migratoire délicate et un lien d’emploi ténu, on devrait s’attendre à ce que l’organisation gouvernementale en place, soit la CNESST, protège correctement ces personnes. Or, le rapport démontre que les interventions de la CNESST en matière de santé et sécurité du travail sont peu efficaces. Il est temps que les choses changent. C’est pourquoi nous tenons à insister sur des solutions destinées à la CNESST, qui vont permettre une meilleure protection pour toutes et tous.

Tout d’abord, nous appuyons la création d’un Bureau des représentants des travailleuses et travailleurs en santé et sécurité pour offrir du soutien dans les milieux non syndiqués afin d’assurer une prise en charge paritaire de la santé et sécurité et la défense des victimes de lésions professionnelles. Une instance qui existe déjà au niveau des normes du travail, et qui démontre quotidiennement sa pertinence. Le rapport démontre que lorsqu’il y a une bonne représentation des travailleuses et travailleurs, l’intervention de l’inspecteur est plus complète et pertinente.
D’ici la création d’un tel bureau, nous demandons que la CNESST adopte un réel plan d’action, qui va au-delà d’un site Internet, pour soutenir les milieux non syndiqués et qu’il soit rendu public.

Il faut également que la CNESST cesse d’annoncer à l’avance ses inspections et qu’elle analyse les pratiques de gestion et l’organisation réelle du travail, pas seulement la paperasse. Les risques à la santé psychologique que pose la surveillance électronique à l’aide d’une application de téléphone mobile sont dénoncés dans le rapport et doivent faire l’objet d’un suivi.

Aussi, en matière de harcèlement sexuel, les inspecteurs doivent utiliser la possibilité de se faire accompagner comme prévu à la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) afin d’obliger la tenue d’enquête par une personne tierce, neutre et compétente.

En matière de réclamation à la suite d’une lésion professionnelle, la CNESST doit se pencher sur la conduite des employeurs comme Amazon qui dirigent les personnes blessées à leur service interne de santé, afin d’éviter ou de minimiser les réclamations à la CNESST. La CNESST doit s’assurer en tout temps qu’il n’y ait pas d’obstruction des employeurs et, si tel est le cas, ces derniers devraient être sanctionnés sévèrement. Toutes les travailleuses et tous les travailleurs du Québec ont droit à un milieu de travail sain, qui ne met pas à risque leur santé et leur sécurité physique et psychologique, et à une réadaptation et une indemnisation lorsque le pire survient. Les personnes non syndiquées ne sont pas de la main-d’œuvre jetable. Ils ont les mêmes droits et il est du devoir de la CNESST de s’assurer qu’ils sont respectés.

Le rapport dévoilé ce samedi démontre que la CNESST ne met pas tout en œuvre pour que la loi soit appliquée convenablement partout alors que la LSST prévoit déjà toutes les mesures nécessaires pour que le service de l’inspectorat de la CNESST y réponde adéquatement. C’est inacceptable qu’il existe au Québec des différences dans l’accès au droit selon le lieu de travail, le statut migratoire ou le fait d’être syndiqué. La FTQ continuera de faire les pressions nécessaires pour que la situation change rapidement et que toutes et tous aient accès aux mêmes droits.

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