Éliminer le bruit qui rend sourd, c’est possible!

Le bruit au travail est un produit de la révolution industrielle. Il est tellement associé au progrès que même à l’heure des techniques de pointe ultra-performantes, on croit toujours que production et bruit sont indissociables, même si l’on sait que le bruit est nocif pour la santé. Le lien de cause à effet entre le bruit et la surdité est connu depuis 1831. Mais c’est seulement dans les années 1950, aux États-Unis, que la surdité due au bruit a été reconnue comme une maladie professionnelle.

Au Québec, jusqu’au début des années 1970, la « gestion » du bruit au travail était laissée aux entreprises. Depuis l’adoption de la Loi sur la santé et sécurité du travail en 1979, des équipes spécialisées en santé au travail ont reçu le mandat d’examiner en détail les environnements de travail. Entre 1980 et 1995, plusieurs milieux ont été soumis à des mesures du bruit, ce qui a permis d’identifier les groupes de travailleurs et de travailleuses susceptibles de développer, ou ayant déjà développé une surdité et d’intervenir pour faire changer les milieux de travail.

Malheureusement, la réduction du bruit n’est toujours pas considérée comme rentable par une majorité d’employeurs et, dans la plupart des milieux de travail, elle n’est pas intégrée aux politiques de gestion des risques sur la santé.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

La surdité due au bruit est la maladie professionnelle qui touche le plus grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Plus de 400 000 Québécois et Québécoises sont exposés à des niveaux moyens de bruit supérieurs à 85 décibels dans leur quart de travail de 8 heures et deviennent un peu plus sourds chaque jour en sortant du travail.

Il est possible d’arrêter ce fléau

Contrairement à ce que l’on pense, le bruit industriel nocif n’est pas un mal nécessaire. Il est même un poids dont notre économie a tout intérêt à se délester. On peut réduire ce bruit et même l’enrayer. On peut aussi aider les personnes atteintes de surdité à améliorer leurs capacités de communication, à retrouver leur estime de soi et leur autonomie.

Enfin, une nouvelle réglementation entrera en vigueur le 16 juin 2023!

La mise en œuvre de l’élimination du bruit dans nos milieux de travail

Le mouvement syndical revendique depuis de nombreuses années une nouvelle réglementation sur le bruit en milieu de travail. Enfin, à compter du juin 2023, celle-ci sera en vigueur. Les niveaux acceptables d’exposition au bruit passeront de 90 à 85 décibels pour une période de huit heures de travail, ce qui représente une diminution de plus de la moitié*. Mais la venue d’une nouvelle réglementation ne signifie pas que les employeurs du Québec seront proactifs pour éliminer le bruit et protéger les travailleurs et les travailleuses. Nous devrons être vigilants afin de nous assurer que cette nouvelle réglementation est respectée dans nos milieux de travail.

Nous pouvons dès maintenant commencer à identifier dans les situations de travail qui sont à risque de dépassement des valeurs d’exposition. L’entrée en vigueur dès le 6 avril 2022 des mesures transitoires prévues à la Loi 27, obligera tous les milieux de travail qui n’ont pas déjà un programme de prévention, un comité de santé et sécurité et un représentant ou une représentante en santé et sécurité de mettre en place, même sommairement, ces mécanismes de prévention. Les employeurs auront alors l’obligation de dresser une liste des risques présents dans leurs établissements, ce qui inclut le bruit.

En tant que représentant des travailleurs et des travailleuses, la connaissance que nous avons de nos milieux de travail est essentielle pour identifier les situations d’expositions au bruit. Le représentant et la représentante en santé et sécurité sont les plus à même de parler de manière confidentielle aux personnes exposées et de recueillir des informations essentielles pour faire changer les situations à risque. Nous avons le pouvoir et le devoir de nous assurer que les employeurs respecteront la nouvelle réglementation et protégerons nos collègues d’une surdité professionnelle.

Vous souhaitez calculer le niveau d’exposition quotidienne selon les tâches effectuées? Vous pouvez le faire avec la calculette de la CNESST!

*Selon l’échelle logarithmique, une augmentation du bruit de 3 dB correspond à un doublement de l’énergie sonore.

Ce que le règlement prévoit

À compter du 16 juin 2023, les employeurs disposeront d’un délai d’un an pour identifier les situations de travail susceptibles d’être à risque de dépassement des valeurs limites d’exposition et pour lesquelles des changements doivent être apportés afin d’éliminer à la source le bruit.

Si c’est impossible, le bruit doit être réduit au minimum. La réduction du temps d’exposition quotidienne peut être mise en place pour diminuer les effets néfastes du bruit, et en dernier lieu si aucune des mesures mises en place ne permet d’atteindre l’objectif visé, l’employeur doit fournir des protecteurs auditifs aux travailleurs et travailleuses. Les protecteurs auditifs permettent de réduire l’exposition au bruit, mais les études scientifiques démontrent que le port de protecteurs auditifs n’élimine pas le développement d’une surdité professionnelle, mais peut limiter la sévérité de celle-ci. C’est pourquoi ce devrait toujours être la dernière solution envisagée.

Lors de changement dans l’environnement de travail, comme la conception et l’aménagement d’un établissement, l’achat ou le remplacement d’une machine ou d’un équipement, l’employeur doit prendre les moyens pour réduire l’exposition des travailleurs et des travailleuses au bruit.

Par exemple, lors de la conception de locaux pour une garderie, ces derniers doivent être construits afin de réduire la propagation du bruit des enfants et lors de remplacement de machinerie et d’équipement dans le milieu de travail, l’employeur devra choisir l’équipement le moins bruyant.

Les employeurs devront identifier les changements dans les situations de travail qui risquent d’avoir un impact sur l’exposition des travailleurs et des travailleuses au bruit. Ils auront alors un an pour en prendre la mesure et mettre en place un plan pour réduire l’exposition.

Par la suite, tous les cinq ans, l’employeur doit refaire l’évaluation des situations de travail susceptibles de dépasser les valeurs limites d’exposition et avoir complété les changements nécessaires pour les situations nécessitant une réduction de l’exposition au bruit.

Pour réduire le bruit dans nos milieux de travail, différentes mesures peuvent être mises en place. On peut limiter la propagation du bruit par l’encoffrement d’une machine ou d’un équipement ou en insonorisant un local ou un lieu de travail ou par l’isolation d’un poste de travail. Même s’il n’est pas possible de respecter les valeurs limites d’exposition, l’employeur doit quand même prendre des mesures pour réduire le bruit suffisamment.

Formations

Contacter votre syndicat ou votre conseil régional pour suivre la formation sur le bruit qui sera mise à jour.

Commande de matériel

Vous pouvez commander du matériel (affiches, autocollants, etc.) auprès de Mme Mouna Kamel par courriel (mkamel@ftq.qc.ca) ou par téléphone (514 383-8045).