2016.10.12

2016.10.12

100e anniversaire du Monde ouvrier

Le fondateur du Monde ouvrier, Gustave Francq, un des plus grands syndicalistes québécois

Nous célébrons cette année le 100e anniversaire du journal de la FTQ, Le Monde ouvrier, le doyen des journaux syndicaux au Québec et même au Canada.

Son fondateur Gustave Francq, un typographe et imprimeur d’origine belge, fut «la figure dominante du syndicalisme québécois dans la première moitié du 20e siècle», a écrit l’historien du mouvement syndical Jacques Rouillard.

Lorsque paraît le premier numéro de notre journal le 18 mars 1916, voilà déjà 30 ans qu’ont été fondées les deux organisations syndicales qui sont les précurseures de la FTQ, le Conseil des métiers et du travail de Montréal (CMTM) et le Congrès des métiers et du travail du Canada (CMTC). Ces organisations regroupent surtout des syndicats dits «internationaux», c’est-à-dire nord-américains, qui furent les premiers grands syndicats au Québec, bien avant les syndicats catholiques qui forment aujourd’hui la CSN.

Le Monde ouvrier est l’organe officieux des syndicats internationaux et du CMTM. Il est alors la propriété de son directeur et fondateur, Gustave Francq, syndicaliste chevronné et homme de gauche. C’est un hebdomadaire progressiste, « un phare du modèle social-démocrate de société », selon Rouillard.

Syndicaliste et entrepreneur

gustave-francq-webPersonnage haut en couleur, bien connu pour ses coups de gueule légendaires, Francq est né à Bruxelles en Belgique. Il immigre au Québec à l’âge de 15 ans en 1886 et apprend son métier de typographe dans une imprimerie. Il devient membre de l’Union internationale des typographes, syndicat nord-américain auquel il appartiendra toute sa vie. Il participe à sa première grève e n 1 888 et sera vite un militant syndical combatif. Il le demeurera jusqu’à sa mort en 1952 à l’âge de 80 ans.

Francq fut président de la section locale 145 (Jacques-Cartier) de l’Union des typographes, le plus vieux syndicat au Québec, aujourd’hui affilié au syndicat Unifor. Il fut secrétaire du CMTM et longtemps président du comité exécutif du Québec du CMTC. En 1937, il sera le premier secrétaire-trésorier de la nouvelle Fédération provinciale du travail du Québec (FPTQ), ancêtre direct de la FTQ. Quatre ans plus tard, la FPTQ devient propriétaire du Monde ouvrier et en fait son organe officiel.

En 1902, Francq a lancé une petite entreprise qui sera un succès, l’Imprimerie Mercantile à Montréal. Patron d’une PME syndiquée, il est favorable à la concertation syndicale-patronale, et écrit qu’« un des buts du mouvement syndical est de faciliter, autant que faire se peut, un rapprochement entre le Capital et le Travail ». Le Fonds de solidarité FTQ, qui a d’ailleurs donné son nom à la grande salle où se réunit son conseil d’administration, en est aujourd’hui un bel exemple.

L’action politique

Esprit d’avant-garde, Francq est membre de la franc-maçonnerie, un mouvement universel fondé sur la fraternité et voué à l’amélioration de la société. C’est en 1908 qu’il adhère à la loge L’émancipation de Montréal, vivement dénoncée par le clergé.

Grand défenseur de l’action politique des syndicats, Francq fut secrétaire général du Parti ouvrier, un parti travailliste mis sur pied au début du 20e siècle avec l’appui des syndicats du CMTM. Fervent social-démocrate et partisan de grandes réformes sociales, il se présente lui-même aux élections, sans succès. Grâce à son action inlassable, il contribue à la lutte pour l’adoption et l’amélioration de plusieurs lois ouvrières comme la loi sur les accidents du travail et celle sur le salaire minimum. Francq et Le Monde ouvrier font aussi partie du mouvement qui réclame le droit de vote des femmes (conquis en 1940), la journée de travail de huit heures, l’instruction publique gratuite et obligatoire, un ministère de l’Éducation (créé enfin en 1964), la nationalisation des services publics et bien d’autres réformes.

Le Monde ouvrier se rapprochera de l’aile gauche du Parti libéral dans son combat contre l’Union nationale conservatrice de Maurice Duplessis. Il soutient alors le Parti libéral réformiste d’Adélard Godbout qui a repris à son compte les plus importantes revendications syndicales. Après l’élection des libéraux en 1940, Francq sera nommé vice-président de la Commission du salaire minimum.

Promoteur de l’information et de l’éducation syndicales, Francq fonde un Institut d’éducation ouvrière. Pour lui, « un peuple est fort quand il sait lire ». Il inscrit dans l’en-tête du Monde ouvrier les mots «Instruire et améliorer». Cette devise s’ajoute à son crédo «L’union fait la force». Un crédo qui garde encore toute son actualité.

Pour en savoir plus, lisez la biographie écrite par l’historien Éric Leroux, Gustave Francq. Figure marquante du syndicalisme et précurseur de la FTQ (VLB Éditeur, 2001). La FTQ a aussi publié, en 1991, une brochure de l’historien André Leblanc, Gustave Francq. Un pionnier du mouvement syndical au Québec.


Un beau cadeau d’anniversaire pour les 100 ans du Monde ouvrier

Au bénéfice des chercheurs et des chercheuses ainsi que de la population du Québec et d’ailleurs, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) numérisera et diffusera sur son portail Le Monde ouvrier depuis le début de sa parution en 1916. Ce travail colossal exigera quelques mois de travail. On vous tient au courant.


Louis Fournier
Journaliste et syndicaliste à la retraite, l’auteur fut directeur du service des communications de la FTQ et, auparavant, vice-président aux communications du Fonds de solidarité FTQ. Il a écrit plusieurs ouvrages sur notre histoire syndicale.

Article paru dans Le Monde ouvrier, no 117 (septembre-octobre 2016), page 7

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