Urbain Lafontaine 1845 – 1913

Né en 1845 à Trois-Rivières, Bas-Canada ; il épousa Julie Bélanger ; décédé le 19 janvier 1913 à Montréal et inhumé le 22 dans le cimetière de la paroisse Saint-Antoine à Longueuil.

Urbain Lafontaine demeure la figure dominante parmi les pionniers du syndicalisme québécois à la fin du 19e

siècle

Ayant appris le métier de typographe à Trois-Rivières, il part très jeune pour New York où il travaille pendant un certain temps. De retour au Canada, il joint les rangs de la milice et aide à repousser les envahisseurs féniens en 1866.

Établi à Montréal, Lafontaine s’intéresse très tôt à l’action syndicale. Il prend une part active en 1870 à la fondation de l’Union typographique Jacques-Cartier [V. Joseph-Alphonse Rodier*], dont il est vice-président en 1888, puis président en 1896 et 1897. On le retrouve aussi au nombre des fondateurs en 1883 de la première assemblée canadienne-française des Chevaliers du travail à Montréal [V. Olivier-David Benoît*], l’assemblée Ville-Marie no 3484, qu’il dirige pendant deux mandats. Dans les années 1890, il assume aussi en tant que maître ouvrier la présidence de l’assemblée de district no 18 qui chapeaute les assemblées montréalaises francophones.

En 1886, des assemblées et des syndicats unissent leurs efforts en vue de créer le Conseil central des métiers et du travail de Montréal, organisme chargé de canaliser les réclamations ouvrières auprès des pouvoirs publics. Lafontaine participe à sa création et en devient le secrétaire, puis le président en 1889. Ses qualités de leader sont reconnues par les délégués du Congrès des métiers et du travail du Canada, organisme chargé d’acheminer les revendications des syndicats auprès des gouvernements fédéral et provinciaux. Les délégués l’élisent vice-président en 1889 et président les deux années subséquentes. Lafontaine est le premier francophone à occuper la plus haute fonction syndicale au Canada. Par la suite, et jusqu’en 1900, il participe assez régulièrement à titre de délégué aux réunions annuelles du Congrès des métiers et du travail du Canada.

Les propositions que Lafontaine présente et celles sur lesquelles il s’exprime permettent de cerner sommairement sa pensée. Reflétant les préoccupations du monde syndical de l’époque, il tient tout particulièrement à la journée maximale de travail de huit heures et à la nomination d’inspecteurs de manufactures à l’extérieur de Montréal et de Québec. Il veut aussi que le gouvernement interdise la saisie de salaire pour dettes. Il appuie la formation de bureaux de placement et la fermeture des commerces à six heures du soir la semaine ; il plaide en outre pour la gratuité scolaire tout en s’opposant cependant à l’instruction obligatoire, mesure qu’il juge probablement trop radicale compte tenu de l’opposition cléricale. En politique, il se montre critique vis-à-vis les deux partis traditionnels et favorable à la création d’un parti des travailleurs.

Capable de manier la plume et bon administrateur, Lafontaine est le premier dirigeant syndical à vouloir élargir l’audience des syndicats en utilisant les médias d’information. Dès 1887, il fonde à Montréal un hebdomadaire, le Trait d’union, organe des Chevaliers du travail, qui disparaît cependant l’année suivante. Puis, de 1892 à 1895, on le retrouve au quotidien le Monde, où il rédige une chronique ouvrière, une première dans les journaux montréalais. En 1895, il fonde son propre hebdomadaire, les Nouvelles, qui sort les dimanches jusqu’en 1898. Soucieux de rejoindre des lecteurs en milieu populaire, il innove en plaçant à la une des nouvelles sportives et en accordant une place de choix aux informations ouvrières.

Peu après, en 1900, Urbain Lafontaine devient le premier directeur du bureau de placement municipal de Montréal. À partir de ce moment, il s’abstient de s’engager activement dans le mouvement syndical.

Avec la permission de Jacques Rouillard

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