Une syndicaliste héroïque

En 1989, le 4 mars, à Bogota, la vie de Ayde Quitian, mère de deux jeunes enfants, bascule. Son mari, un syndicaliste, président d’un syndicat de travailleurs autonomes et membre du bureau de la grande Central Unitaria de Trabajodores de Colombia (CUT) est assassiné en plein cœur de l’après-midi. Rien ne laissait présager son exécution, aucune menace de mort ne lui avait été signifiée.

Commence alors pour Ayde une longue quête afin de comprendre pourquoi on a assassiné son mari et qui a pu commettre ce crime. Ces questions resteront pour elle toujours sans réponse, mais ses démarches auront pour effet d’irriter le pouvoir politique, tant et si bien qu’elle se sentira menacée à un point où elle devra fuir vers le Vénézuéla en 2001. Là, les conditions de vie sont difficiles. Réduite à vivre misérablement avec ses deux enfants dans une chambre, elle décide de regagner la Colombie. Mais rien ne change pour elle en Colombie, les menaces pèsent toujours. Il ne reste que la fuite.

La fuite vers le Québec

C’est ainsi qu’en 2003, Ayde et ses deux enfants débarquent à Jonquière avec le statut de réfugiés politiques. Jonquière, c’est loin de la Colombie et le choc culturel et social est dur. Il faut cependant s’intégrer à cette nouvelle vie et à cette nouvelle langue. Après l’apprentissage du français, c’est la recherche d’emploi. Les petits boulots se succèdent et il en faut souvent deux pour arriver à joindre les deux bouts. Comme la grande ville semble offrir de meilleures possibilités de sécurité d’emploi, Ayde arrive à Montréal en 2005 et travaille chez Reebok, un fabricant d’articles de sport, où elle prend l’initiative de fonder un syndicat. (En Colombie, elle assistait son mari dans le recrutement et dans ses activités syndicales.) « Étrangement », on met fin à son emploi. C’est alors qu’elle opte pour une formation en entretien général des immeubles et obtient un diplôme d’études professionnelles (DEP).

Aujourd’hui, Ayde travaille pour les Habitations Jeanne-Mance, un organisme mandaté par la Ville de Montréal et la Société d’hypothèques et de logement pour gérer le projet de logements sociaux. Au quotidien, elle conduit de la machinerie lourde et voit à l’entretien du bâtiment, à des conditions salariales satisfaisantes.

Impliquée à l’Union des employés et employées de services (UES-800)

« À travers tout ce dur cheminement, dit-elle, je ne cesse de puiser dans ce passé douloureux la force nécessaire pour poursuivre plus que jamais la lutte pour la justice sociale. J’ai été élue vice-présidente de ma section locale où je retrouve les mêmes valeurs que j’ai toujours défendues. »

La Colombie est l’un des endroits les plus dangereux du monde pour les syndicalistes. Un pseudo processus de démobilisation des paramilitaires, combiné à des milliers de cas de menaces et d’homicides et un manque chronique d’enquêtes et de poursuites judiciaires, témoigne de cette situation selon un nouveau rapport publié par Amnistie internationale. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a reconnu 57 200 cas de disparitions forcées en Colombie.

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