2011.12.22

2011.12.22

Un monde de moins en moins égalitaire

Selon l’OCDE le Canada fait pire que la moyenne des pays membres

Un article publié dans Le Devoir, édition du 5 décembre 2011, est assez révélateur des effets négatifs des politiques mises en place dans les pays membres de l’OCDE au cours des vingt dernières années. En effet, l’article mentionne que les inégalités de revenus augmentent partout dans le monde et particulièrement au Canada, et que malgré tout, le Québec s’en tire mieux que le reste du Canada. À la veille de la période des Fêtes, au moment ou l’on parle davantage des inégalités et de la pauvreté, il est important de prendre le temps de faire des constats, tant sur l’état de situation de ces inégalités que sur les décisions politiques qui contribuent à ces écarts

Qu’en est-il en Abitibi-Témiscamingue ?

Malgré la forte croissance économique que vit l’Abitibi-Témiscamingue, les statistiques recueillies dans le « Bilan Faim 2011 » des banques alimentaires du Québec nous révèlent qu’il y a eu un accroissement de la demande d’aide : en effet, le recours aux banques alimentaires a connu une hausse de 22 % depuis 2008. Les personnes davantage touchées par la pauvreté, qui ont été aidées par les banques alimentaires, sont les femmes à 40,9 %, les enfants à 36,5 % et les personnes immigrantes à 23,1 %.

Au centre de bénévolat de la Vallée-de-l’Or, c’est plus de 1 025 personnes qui se sont prévalues du programme de dépannage alimentaire et 5 925 repas ont été servis. Pour ce qui est du centre Bernard-Hamel de Rouyn-Noranda, ce sont 2 862 personnes qui ont eu recours au dépannage alimentaire, et 10 781 repas ont été servis.

Le même rapport nous révèle que 11,3 % des gens qui ont recours aux banques alimentaires sont des personnes de 65 ans et plus. Ces statistiques concernant ces personnes nous ramènent à la campagne que mène la FTQ qui, consciente de cette réalité de pauvreté qui touche nos aînés, a lancé une campagne avec ses alliés afin de bonifier les régimes de retraites, tant de la Régie des rentes du Québec que du Régime de pension du Canada.

Le portrait est pire au Canada qu’au Québec

Il est évident que les politiques conservatrices de Stephen Harper ont contribué à cet accroissement des disparités entre les riches et les pauvres. En effet, selon le rapport de l’OCDE, le Canada, qui se classait autrefois parmi les meilleurs pays, se retrouve aujourd’hui à la queue du peloton. Cette dégringolade est attribuable entre autres à la réduction de l’accessibilité des prestations d’assurance-emploi, d’aide sociale ainsi qu’aux réductions d’impôts des mieux nantis. Selon ce même rapport, le rôle des pouvoirs publics canadiens en matière de redistribution de la richesse qui réussissait à contrer 90% des pressions inégalitaires, n’en compensent maintenant que 20 %. Il est facile de prévoir que les conservateurs profiteront de leur majorité pour continuer à mettre en place des politiques qui avantagent les mieux nantis : la vigilance est donc de mise.

Au Québec, il semble donc que les mécanismes de répartition de la richesse soient restés plus efficaces. De là sans doute l’intérêt de partis politiques tels la Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ) de François Legault ou encore celui de l’Action Démocratique du Québec (ADQ) qui bientôt ne feront qu’un, de mettre à mal le modèle québécois. Il s’agit pour eux de continuer le travail amorcé par Jean Charest depuis son élection en 2003. Sans être parfait, ce filet de sécurité sociale que nous nous sommes donné au Québec aura mieux réussi que dans les autres provinces canadiennes en ce qui a trait à la réduction des écarts entre les riches et les pauvres.

Le rapport sur l’état de situation de 2011 Bilan Faim contient six (6) recommandations qui ont pour but de soulager la pauvreté et d’enrayer la faim. Entre autres, la construction de logements sociaux, la conception d’un régime d’aide sociale qui aide les plus vulnérables, des mesures qui visent à éviter que les personnes âgées se retrouvent en situation de pauvreté, l’amélioration du régime d’assurance-emploi en particulier pour soutenir les personnes plus âgées qui perdent leurs emplois et l’investissement dans les réseaux de garderies et d’éducation. Selon le même rapport, en plus des mesures énoncées plus haut, il faudra une volonté politique ferme pour réussir à enrayer la faim et soulager la pauvreté.

Le Globe and Mail du 5 décembre, tout comme Le Devoir, faisait état du rapport de l’OCDE sur les écarts croissants entre les riches et les pauvres au Canada. Cet article rapportait les différents facteurs qui ont contribué à cette croissance des écarts, entre autres sur les baisses des impôts pour les plus riches. L’article précisait qu’un des facteurs d’accroissement des écarts réside dans la qualité des emplois créés qui, selon le rapport, sont davantage des emplois précaires où les salaires payés pour une grande majorité sont en baisse. Il note aussi une hausse du travail autonome qui, habituellement, signifie des emplois moins bien rémunérés. L’article présente aussi quelques pistes de solution pour freiner cette croissance des écarts : la fiscalité, la création d’emplois de qualité et la nécessité d’investir davantage dans l’éducation.

Le rôle des médias

Chaque année en cette période, à travers leur Grande Guignolée, les médias parlent du phénomène de la pauvreté et mettent des énergies pour amasser des argents et des denrées pour les plus démunis : il s’agit bien sûr d’un geste qu’il vaut la peine de saluer. Toutefois, si les médias et ceux qui les contrôlent s’intéressaient davantage au phénomène de la pauvreté, s’ils en parlaient plus régulièrement en se questionnant sur les raisons qui font en sorte qu’il y a un accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres, s’ils pouvaient prendre le temps d’analyser les programmes politiques et d’interroger ceux qui détiennent les pouvoirs ou souhaitent les détenir, ils aideraient la population à mieux comprendre les causes qui amènent les écarts et les injustices sociales qui en découlent. Selon le Bilan 2011 d’influence communication, qui calcule le poids des différents sujets d’actualité dans les médias, la Grande Guignolée des médias représente à elle seule 78 % de l’intérêt porté annuellement au thème entourant la pauvreté au Québec. Le poids médiatique des Canadiens de Montréal est 21 fois plus grand que celui que l’on octroie à la pauvreté, aux ainés et aux autochtones… tous réunis ! En analysant l’ensemble des thèmes abordés pendant la dernière campagne électorale fédérale, le thème de la pauvreté s’est retrouvé au 17e rang des enjeux à débattre; pourtant, lors de la Grande Guignolée des médias ou durant les activités de ce genre, les politiciens sont nombreux à se placer devant les caméras pour être bien en vue et donner l’impression qu’ils sont préoccupés par les plus démunis.

Conclusion

Il est important de prendre conscience des réalités qui nous entourent et surtout de l’impact des politiques mises en place par les différents gouvernements et de leurs effets sur la population. Même si le Québec s’en tire mieux grâce à son filet social, qui protège efficacement les plus démunis, nous ne devons toutefois rien prendre pour acquis. Chaque jour, ce même filet social québécois est mis à mal soit par des projets de loi adoptés qui en restreignent l’accès ou par des politiciens peu soucieux du sort des plus démunis et qui s’acharnent à promouvoir des programmes politiques qui visent à creuser davantage l’écart entre les riches et les pauvres. Les attaques récentes sur les régimes de retraite et sur les conditions de travail dans la fonction publique ou les discours en faveur de la privatisation des services publics ne sont qu’un
maigre reflet de ce qui nous attend. Les sorties répétées contre le mouvement syndical n’ont rien d’improvisé: pour certains il s’agit de s’attaquer à celles et ceux qui sont les mieux organisés pour mener ce combat pour une plus grande justice sociale.

Les pistes de solutions qui ont été identifiées tant dans l’article du Devoir, du Global and Mail ou dans le rapport des banques alimentaires du Québec, sont au cœur même des revendications de la FTQ et font partie des priorités identifiées par les syndicats affiliés. L’année 2012 nous donnera l’occasion de remettre sur la place publique les dossiers que mènent de front la FTQ. Notre défi réside dans notre capacité à mobiliser nos membres et à intéresser la population en général.

La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, a joué un rôle fondamental dans la construction de l’état solidaire que nous connaissons. Nous devons continuer cette lutte, pour une société plus juste et plus égalitaire. Nous avons réussi de grandes choses ensemble, il s’agit de continuer le travail amorcé.

L’action politique et la solidarité : plus que jamais nécessaires !

Gilles Chapadeau
Conseiller régional FTQ
Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec

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