Le travail forcé : un fléau bien actuel

Il y a quelques semaines, Droits et Démocratie honorait une jeune femme birmane, Su Su Nway, 34 ans, pour sa lutte contre le travail forcé. Elle n’y était pas parce que les autorités de son pays l’empêchent d’en sortir.

La Birmanie, un pays de quelque 50,5 millions d’habitants est depuis 1962 sous le joug d’une dictature militaire brutale qui exploite ses nombreuses minorités ethniques. Selon Amnistie internationale, les soldats « confisquent leurs terres, volent leurs récoltes et leur bétail, leur extorquent de l’argent et les astreignent au travail forcé – y compris les femmes et les enfants… »

Su Su Nway a réussi à faire traduire en justice les dirigeants locaux qui les avaient forcés, elle et d’autres villageois, à réparer une route sans être rémunérés. Su Su Nway a d’abord été récompensée pour sa détermination l’an passé lorsqu’un juge a condamné le président et un représentant de son village à huit mois de prison conformément à une loi jusqu’alors inappliquée qui interdit le travail forcé depuis 1999.

Mais, quelques mois après cette victoire, elle est accusée de diffamation à l’égard du nouveau président du village, elle a été condamnée, en octobre 2005, à 18 mois d’emprisonnement. Sous la pression internationale, elle a été libérée après neuf mois.

Le travail forcé n’est pas un phénomène en régression dans le monde. Selon le Bureau international du travail (BIT), quelque 12,3 millions de personnes dans le monde sont astreintes à un travail forcé. La majorité, soit 9,8 millions sont exploitées par des entreprises ou des particuliers et de ce nombre, 2,8 millions sont victimes de la traite des personnes et 2,5 millions travaillent sous la contrainte de l’État ou de groupes militaires.

Le travail forcé n’est pas seulement le fait de dictatures militaires. Il est aussi largement favorisé par les ravages du libéralisme sauvage qui balaie autant les pays industrialisés que les pays en voie de développement. On estime que 360 000 personnes sont victimes du travail forcé en Occident.

Ici même au Canada, des cas assimilables à l’esclavage sont toujours tolérés, notamment par la traite de femmes contraintes à la prostitution et par une loi d’immigration le Programme des aides familiales résidentes (PAFR), qui permet à des particuliers d’importer des domestiques sur lesquels ils détiennent un pouvoir quasi absolu. La situation est pire pour les immigrantes clandestines. Au Québec, entre 1000 et 1500 d’entre elles sont inscrites au PARF. Un nombre indéterminé d’immigrantes, qui sont ici en situation illégale, sont encore plus vulnérables aux abus.

Pour Amnisitie internationale, le Canada devrait octroyer à ces femmes le droit de porter plainte devant des tribunaux compétents, notamment la Commission des normes du travail, au Québec. Il urge aussi de mettre fin à l’impunité dont profitent les employeurs qui exploitent cette main-d’œuvre soumise et bon marché.

Dans le cas de la Birmanie, le Parlement canadien a adopté en mai 2005, avec l’appui des conservateurs, une politique qui condamne le régime militaire en mai 2005. Cependant, jusqu’à présent, le Canada s’est contenté de mesures purement symboliques sur le plan économique. Air Canada y fait toujours du fret, faisant entrer au pays des produits birmans dont l’importation a augmenté. Des compagnies minières canadiennes font aussi des affaires d’or avec le régime birman.

Le président de la FTQ, Henri Massé, a signé un appel au gouvernement du Canada, l’invitant à imposer des sanctions sur le commerce et l’investissement. Le Canada doit aussi soutenir plus activement les institutions démocratiques birmanes en exil, qui luttent pour le rétablissement de la démocratie et de la liberté des personnes.

Pour en savoir plus, consultez les sites Internet suivants :
www.ichrdd.ca
www.aafq.ca
www.ilo.org/public/french
www.amnistie.qc.ca

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