2010.01.18
2010.01.18
Le président du SNEAA (TCA-FTQ), syndicat de Rio Tinto Alcan d’Arvida, répond
Au début de l’année, les économistes et les journalistes y vont de leurs prédictions dans le domaine du travail et particulièrement cette année, sur la mobilisation des gens de la région du Saguenay–Lac-St-Jean.
Cette lettre ouverte d’Alain Gagnon, président du SNEAA (TCA-FTQ), fait suite à la sortie du professeur en économie à l’UQAC à Chicoutimi, M. Marc-Urbain Proulx et à l’éditeur du Journal Le Quotidien, M. Denis Bouchard :
« Se prendre en main !
Bonjour M. Bouchard,
M. Marc-Urbain Proulx et vous-même ,vous vous interrogez sérieusement sur la capacité de la région à se mobiliser et celle-ci illustre qu’elle n’est plus ce qu’elle a été. M. Proulx évoque ” l’absence d’une mission régionale ” et celui-ci s’inquiète de son positionnement dans le radar des investisseurs mondiaux. C’est la vision régionale qui est interrogée…
Si nous nous ramenons en 2004 lors de l’annonce de la fermeture des salles de cuves Söderberg, M. Claude Patry qui était président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (SNEAA) avait sonné l’alarme. Celui-ci et son équipe ont fait un travail gigantesque afin de mobiliser la région. Tous les paliers gouvernementaux ont été sollicités (fédéral, provincial et municipal). Une campagne de publicité « Ensemble, on y va ! » et l’occupation de l’usine pendant 19 jours font partie de nombreuses autres stratégies utilisées afin de conserver des emplois de qualités dans la région ou, à tout le moins, réussir à obtenir des garanties.
Lors de l’appel syndical, toute l’élite politique et économique a répondu. Par contre, cet enthousiasme s’est estompé très rapidement. Au bout des 19 jours d’occupation, le syndicat réussissait à obtenir la garantie qu’aucun employé ne serait mis à pied et que les emplois perdus dans la fermeture seraient effectués par attrition le plus possible. Un fait demeure, la région venait de perdre plus de 600 emplois bien rémunérés. Le syndicat n’a pas eu d’autre choix que de protéger ses membres étant donné l’absence de mobilisation régionale. Pourtant, celui-ci démontrait une façon différente de procéder : “solution et collaboration”.
En 2006, l’histoire se répète et encore une fois M. Patry et les représentants syndicaux de la région demandaient l’intervention de l’élite politique afin d’obtenir un plancher d’emploi au Complexe Jonquière en échange des droits et avantages énormes consentis par le gouvernement dans l’exploitation hydro-électrique et les prolongations de baux. Là encore, la partie syndicale s’est retrouvée seule et, malgré tout, a réussi à obtenir une garantie d’emploi pour tous les employés et un investissement majeur. Cette garantie fait qu’il n’y aura pas de mises à pied, mais en 2006, il y avait 1 794 employés au complexe Jonquière et il en restera 680 le 31 décembre 2012. C’est une perte énorme en emplois bien rémunérés sans compter tout ce qui gravite autour. Au moins la façon d’agir de la partie syndicale a permis d’assurer un futur .Imaginez s’il y avait vraiment eu une mobilisation régionale ?
Depuis le 1er décembre 2008, j’occupe le poste président du SNEAA et à mon tour, je ne compte plus le nombre d’interventions que j’ai effectuées pour qu’il y est une coalition, un regroupement ou une mission régionale, peu importe les allégeances. En avril 2009, j’ai demandé à plein d’élus de faire partie d’une mission pour aller se faire entendre à Londres face aux actionnaires de Rio Tinto Alcan. M. Robert Bouchard, député bloquiste et M. Marc-Urbain Proulx ont participé et ceux-ci ont effectué un travail formidable. Nous sommes certains tous les trois que cela a apporté des dividendes. Imaginez s’il y avait eu une délégation encore plus significative. C’est de ce genre de groupe que la région doit se prémunir pour prendre en main toute les différentes possibilités qui s’offrent à nous.
En novembre dernier, RTA annonce le transfert du service de la paie du complexe Jonquière vers Montréal. Encore une fois, la demande d’aide de l’élite politique et régionale a été faite. Tout le monde a répondu, mais par la suite, qu’en est-il? Le syndicat se retrouve encore seul à revendiquer le maintien d’emplois de qualités dans la région.
Il faut que l’on se prenne en main car la problématique est beaucoup plus profonde. Ça urge et il n’est pas trop tard. Des économistes comme M. Louis Thomas Bernard, M. Claude Garcia et Cie…de Montréal prônent l’arrêt de subventions accordées au niveau hydro-électrique et de prendre cette énergie et la vendre à gros prix aux É.-U. afin de renflouer les coffres de l’État au détriment de risquer la fermeture de plusieurs régions. Ils vont même jusqu’a proposer la privatisation d’Hydro-Québec, soit partielle ou totale. C’est très grave !
Même des émissions de télé subventionnées par l’état (Mme France Brazzo) ont des titres très évocateurs, ” Faut-il fermer les régions ? “. En octobre 2009, il y a eu plusieurs centaines de mises a pied dans le domaine de l’aéronautique et lorsqu’on y regarde de près, on découvre que le ministère de l’Éducation du Québec forme les étrangers, leur reconnait leurs diplômes autant chez nous que chez eux et que 98 % de ceux-ci retournent dans leurs pays, soumissionnent sur des contrats et que ceux-ci sont accordés et nos jobs disparaissent. Le Québec forme pour nous fermer et la réponse de la ministre Courchêsne, est : ” C’est extrêmement payant pour le ministère de l’éducation “.
La façon de diriger du gouvernement du Québec est très inquiétante. Les bavures de la Caisse de dépôt, l’achat d’énergie Nouveau-Brunswick, etc. ne sont que des exemples de comment celui-ci est train de nous faire hériter de dettes insurmontables. Hydro-Québec est notre fleuron et les tarifs ont augmentés de 18.2 % depuis fin 2003 et dans l’achat d’énergie Nouveau-Brunswick, ils garantissent un gel des tarifs pour 5 ans aux gens du Nouveau-Brunswick. Ce réseau a beaucoup de centrales désuètes et la restauration va être imposée à tout le Québec. Le message est clair, le gouvernement en place veut fédéraliser le Québec à l’aide du surendettement des principaux leviers économiques. Sur cet aspect, j’invite les gens à consulter les différents articles de M. Jean-Pierre Plourde sur son site (saglacweb.blogspot.com). M. Plourde traite de toutes les facettes et celui-ci est toujours référencé dans ses recherches. Il y a plusieurs années de recherche dans ses textes.
En terminant M. Bouchard, la région avec l’aide de ses différents décideurs, se doit de créer un groupe homogène représentatif de tous les secteurs peu importe les couleurs de drapeaux et faire en sorte de soutenir l’économie régionale dans la transformation, la construction, le commerce, l’industrie lourde et légère, la forêt, etc. En faisant les choses différemment et de façon coordonnée, nous obtiendrons du succès tout en étant en mode solution et collaboration.
Bien à vous et bonne année. »
Alain Gagnon, président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (TCA-FTQ)
Cellulaire : 418 812-5228