2001.07.27

2001.07.27

La mondialisation: Quatre phénomènes nouveaux la caractérisent

1-Émergence de l’économie financière

Sous le contrôle des pays riches, où se concentrent la majorité des flux de capitaux, l’économie financière prend le pas sur l’économie réelle. Moins maîtrisables parce que sans contrôle, ces fluctuations menacent la stabilité des États. Ce fut le cas lors de plusieurs crises en Asie, en Russie et au Mexique. Ce sont les populations qui en ont fait les frais. Aujourd’hui, 90 % des opérations boursières sont spéculatives, de courte durée et souvent destructrices d’emplois.

2-Essor fulgurant des transnationales

Les entreprises transnationales sont en montée spectaculaire depuis vingt ans. Elles sont plus de 60 000 et possèdent de nombreuses filiales dans le monde. Au-dessus de la mêlée, elles imposent leurs règles. Leur poids économique dépasse celui de pays entiers. Dans de nombreux cas, leur chiffre d’affaires est plus élevé que le produit intérieur brut (PIB) des pays:

  • Le chiffre d’affaires de General Motors est plus important que le PIB de plusieurs pays nordiques (Danemark, Norvège, Finlande).
  • Celui de Daimler-Chrysler dépasse le Portugal ou la Grèce.
  • Quant à IBM, elle vaut un peu moins que le PIB de la Hongrie et la République tchèque réunies. Le Forum des gens d’affaires pèse de tout son poids politique à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), alors qu’aucune place n’est faite à nos organisations syndicales internationales, comme la Confédération internationale des syndicats libres (CISL).

3-Réorganisation du travail planétaire

Au Nord comme au Sud, pour flexibiliser les coûts de main-d’oeuvre et accroître leurs profits, les entreprises réorganisent:

  • Changements technologiques accélérés.
  • Attaques à nos conventions collectives et à leur durée.
  • Attaques à nos emplois: précarité, sous-traitance, augmentation des charges de travail, délocalisation et fermetures pour aller vers des pays où la main- d’oeuvre est moins coûteuse.

Guidées par la recherche de productivité à tout prix, les entreprises menacent nos droits acquis au Nord et combattent ceux qui les réclament au Sud. Deux cas illustrent l’aspect planétaire de la réorganisation:

La multinationale Philips a fermé, au Québec, 4 usines pourtant bien équipées et où les travailleurs étaient qualifiés. 135 emplois à St-Jérôme sont entre autres transférés au Brésil où les coûts de main-d’oeuvre sont moindres.

Une entreprise de Montréal, Gildan, fait tricoter et découper son tissu à Montréal, les pièces sont assemblées et cousues au Mexique et les produits finis entrent aux États-Unis sans être assujettis aux quotas ou droits de douanes.

4-Soumission des gouvernements

Pour répondre aux demandes pressantes des entreprises, les gouvernements ont accepté de déréglementer, de privatiser, de réduire le rôle de l’État, d’amaigrir les programmes sociaux et de réduire le personnel, mettant en danger la qualité des services publics. Le gouvernement fédéral a précédé celui du Québec dans la mise en place de mesures restrictives sur les programmes sociaux:

  • Réduction des paiements de transfert aux provinces.
  • Réduction dramatique de la fonction publique, au nom d’un supposé dégraissement.

Au cours des cinq dernières années, 45 000 emplois ont été coupés dans la fonction publique fédérale. Mais l’exemple le plus dur des méfaits des coupures s’est concrétisé dans les réformes du régime d’assurance-chômage, devenu assurance-emploi. Le Québec n’a pas été de reste : On a revu à la baisse la politique de l’aide sociale. On a exigé des contributions additionnelles: 2,8 milliards $ des particuliers et 1,7 milliard $ des entreprises, alors qu’on a exigé des salariés du secteur public un effort équivalent à 7 milliards$. On a précarisé l’emploi. Dans le seul secteur de la santé, le nombre de personnes à temps partiel est passé de 36 000 à 121 500 personnes, entre 1980 et 1997. Cette précarisation touche particulièrement les femmes. En 1997-1998, dans l’ensemble du réseau québécois, elles représentaient 84 % des temps partiel réguliers et 78 % des temps partiel occasionnels. Tout cela a conduit à des réductions importantes dans la quantité et la qualité des services offerts à la population, tant dans les secteurs de la santé et des services sociaux que dans celui de l’éducation.

La libéralisation de l’économie mondiale a pris son véritable essor avec les accords du GATT et le processus se poursuit sous l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui regroupe 138 pays. Fait à souligner, les organisations internationales représentant le patronat y ont une place officielle. Dans ce vent de libéralisation, de nombreux traités, tant bilatéraux que multilatéraux, ont été signés au cours des 30 dernières années:

  • 1973 – le CARICOM (13 pays des Caraïbes);
  • 1989 – l’ALÉ (Canada / Etats-Unis);
  • 1991– le MERCOSUR (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay);
  • 1993 – le Pacte andin (Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou, Venezuela);
  • 1994 – l’ALÉNA (Canada, États-Unis, Mexique);
  • etc.

    Et à nos portes, il y a la ZLÉA. Des sanctions qui font frémir Qualifié par ses opposants de véritable charte du droit de produire des entreprises, le chapitre 11 de l’ALÉNA, qui porte sur les investissements, permet à ces dernières de poursuivre les gouvernements si elles s’estiment lésées dans la conduite de leurs affaires. S’appuyant sur ce chapitre, des entreprises américaines, dont S.D. Myers et Ethyl Corp., ont porté plainte contre le Canada. Convaincu qu’il serait trouvé coupable, le gouvernement canadien a réglé hors cours avec Ethyl Corp, en lui versant 13 millions $ US. Le tribunal a reconnu la culpabilité du gouvernement dans le cas de S.D. Myers, qui réclame près de 30 millions $ US (environ 50 millions $ CA). Début février, le montant de la compensation n’a pas encore été établi. Le chapitre 11 de l’ALÉNA et autres clauses semblables font frémir:

  • La capacité des États de voter des lois et de se donner des politiques qui lui sont propres est menacée.
  • Les entreprises peuvent exercer encore plus de chantage.
  • Les montants réclamés par les transnationales pourraient être tout à fait astronomiques.
  • Les sommes versées à ces entreprises étrangères constituent autant d’argent que les gouvernements ne pourront pas attribuer à nos programmes sociaux.

    « Ils nous ont entraînés dans une spirale vers le bas ! L’ouverture des marchés, l’émergence de technologies nouvelles ou certaines restructurations d’entreprises faites en partenariat avec les syndicats peuvent avoir été bénéfiques pour des secteurs d’emplois où se retrouvent nos membres. Il faut se réjouir que certains secteurs soient créateurs d’emplois, l’aéronautique et l’aérospatiale par exemple, ou que d’autres se soient développés tels le vêtement et le meuble, pour lesquels on craignait les conséquences du libre-échange. Ceci dit, les accords tel l’ALÉNA n’ont pas conduit à un meilleur partage de la richesse. En d’autres mots, les politiques gouvernementales mises en oeuvre au cours de la dernière décennie, les coupes dans les programmes sociaux et la déréglementation ont entraîné les pays membres de l’ALÉNA dans une spirale vers le bas au plan social. » Henri Massé, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec

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