2008.12.28
2008.12.28
« La crise n’a pas attendu la faillite de Lehman Brothers pour frapper de plein fouet les travailleurs et les travailleuses » – Michel Arsenault, président de la FTQ
Montréal, dimanche 28 décembre 2008 – « La crise n’a pas attendu la faillite de Lehman Brothers pour les travailleurs et les travailleuses. Voilà déjà presque quatre ans, en janvier 2005, nous tirions la sonnette d’alarme dans le secteur manufacturier et la forêt. Les entreprises n’investissaient plus dans de nouvelles technologies ou dans de la machinerie performante. Les mises à pied commençaient dans la forêt, dans le textile et le vêtement, dans la production de biens.
« Certains économistes clamaient qu’il n’y avait pas péril en la demeure car il se créait autant, sinon plus d’emplois que ceux perdus. Ce qu’ils omettaient de dire, c’est que plusieurs de ces nouveaux emplois étaient mal rémunérés, sans régime de retraite ou assurance collective. Ce sont pour beaucoup ces nouveaux employés qui se retrouvent aujourd’hui dans les banques alimentaires et ce, même si les deux conjoints travaillent », a déclaré le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Michel Arsenault, à l’occasion de la conférence de presse annuelle de la centrale.
Une économie de monopoly créée de toutes pièces
« Il est assez étonnant d’entendre certains analystes dire qu’il était impossible de prévoir l’ampleur de cette crise. Les contours en étaient pourtant bien dessinés par les rémunérations exorbitantes de certains dirigeants d’entreprises ou de banques sans aucune commune mesure avec leur rendement, par la recherche du dividende à tout prix au risque de créer et de manipuler des produits financiers douteux. Les grands consortiums et les banques ont créé de toutes pièces une économie de monopoly que les gouvernements seraient bien obligés de supporter avec l’argent des payeurs de taxes », a ajouté le président de la FTQ.
« Le laisser-faire des marchés déréglementés a lamentablement échoué avec des dommages collatéraux considérables pour l’économie réelle, pour la population, pour des milliers de travailleurs et travailleuse, pour des retraités à qui on demande de réparer les pots cassés. Les gouvernements peuvent et doivent légiférer pour réglementer ces marchés financiers. La finance c’est comme la circulation automobile, il faut un code de conduite, des balises bien établies », a imagé M. Arsenault.
Sortie de crise
« Nous ne tolérerons pas que les plans de sauvetage des gouvernements, à coups de milliards de dollars de fonds publics, ne fassent pas une place substantielle à l’aide aux travailleurs âgés, à la formation professionnelle, au soutien des régimes de retraite, au financement adéquat des programmes en santé et en éducation, aux infrastructures de transport en commun. Nous allons suivre cet argent à la trace pour qu’il favorise le développement à long terme.
« Il n’y a pas de solution magique pour repartir l’économie, il faut que les gens travaillent. Et pour que les gens travaillent, il faut des projets d’envergure comme la réfection du réseau routier, des infrastructures de transport, des établissements d’enseignement, de santé, des équipements municipaux, tous des actifs pour les générations futures.
« Et surtout, il nous faut apprendre des erreurs passées. Il faut permettre aux travailleurs et aux jeunes de conserver une expertise, et donc les former, par exemple dans les métiers de la forêt, ce que nous avons négligé de le faire dans le secteur minier en déclin il y a quelques années. Il faut préparer une sortie de crise dès aujourd’hui avec une vision de long terme », a repris pour sa part le secrétaire général de la FTQ, René Roy.
Le Québec dispose d’outils, il faut s’en servir à leur pleine mesure
« Il y a de la place pour l’espoir dans la tourmente que nous vivons. L’économie québécoise est plus diversifiée que dans bon nombre de provinces, ce qui lui permettra sans doute de mieux s’en sortir. Mais encore faut-il que soient utilisés à leur pleine mesure les outils de développement que sont la Caisse de dépôt, le Fonds de solidarité, la SGF, Investissement Québec, le mouvement Desjardins », a indiqué le président de la FTQ.
Une économie axée sur le savoir et le développement durable
« Nous sommes convaincus, à la FTQ, de la plus grande résilience d’une économie axée sur le savoir et le développement durable. Nous avons chez nous des infrastructures d’enseignement de qualité et accessibles qu’il faut mettre à profit pour le développement d’une économie misant de plus en plus sur la recherche et le développement, des entreprises qui misent sur la valeur ajoutée.
« Il nous faut également tirer le maximum du formidable potentiel énergétique du Québec, le valoriser et s’en servir comme d’un puissant levier économique dans une perspective de lutte mondiale contre les gaz à effet de serre. Nous devons également chercher à ramener au Québec le contrôle des grandes industries qui reposent sur ce potentiel énergétique.
« Dans cette perspective, l’État doit intervenir avec vigueur dans l’économie, également pour éviter que des fleurons industriels québécois tombent sous contrôle étranger comme ce fut le cas pour nos sociétés papetières et minières », a fait valoir René Roy.
Le budget fédéral devra être à la hauteur de la crise
« Plutôt que de régler ses comptes avec tout ce qui n’épouse pas son credo néolibéral comme il a tenté de le faire avec son énoncé économique, le gouvernement fédéral devra dégager les ressources à la hauteur des besoins exacerbés par la situation économique, notamment au chapitre de l’assurance-emploi.
« La FTQ a déjà proposé à tous les partis fédéraux une formule de bonification des prestations d’assurance-emploi et d’assouplissement des règles d’admissibilité pour une période de deux années, au terme desquelles cette formule pourrait être réévaluée. Après son détournement de dizaines de milliards de dollars de la caisse de l’assurance-emploi, le gouvernement n’aurait certainement pas à craindre de justifier cette mesure devant la population, particulièrement en temps de crise », a suggéré le secrétaire général de la FTQ, responsable de ce dossier à la centrale.
À la défense d’un système de santé public fort
« Dans à peine quelques jours entreront en vigueur les règlements de la loi 33 qui créeront un monopole privé sur un nombre indéterminé d’interventions chirurgicales avec hébergement de plus de 24 heures. La FTQ et la CSN ont contesté ces dispositions sur le plan juridique.
« Mais nous continuerons aussi à combattre sur le terrain ces tentatives de privatisation en douce de notre système de santé. Notre système fait l’envie aujourd’hui de dizaines de millions d’Américains, particulièrement dans le contexte actuel de pertes massives d’emplois avec disparition des couvertures d’assurance santé », a rappelé le président de la FTQ.
Autres priorités de la FTQ pour 2009
La refonte du régime de négociation dans les secteurs public et parapublic avant l’échéance des conventions collectives des salariés de l’État figure en bonne place dans les priorités de la centrale. La FTQ continuera ses luttes sur la conciliation travail-famille, l’équité salariale pour les travailleuses de juridiction fédérale, le maintien de l’équité salariale au Québec et son élargissement à toutes les entreprises.
La défense du français dans les entreprises, les commerces mais également dans toutes les sphères de la société québécoise sera toujours un cheval de bataille important pour la FTQ de même que le plein assujettissement de tous les travailleurs dans tous les secteurs d’activité aux dispositions de la Loi sur la santé et la sécurité du travail.
La FTQ continuera aussi à participer à la vigile sur l’emploi de concert avec le gouvernement du Québec et suivra de près l’état des régimes de retraite tout en faisant montre de flexibilité quant aux règles régissant leur capitalisation pour les entreprises dont la survie serait réellement menacée.
La FTQ est la plus grande centrale syndicale québécoise avec plus de un demi-million de membres.
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Source : FTQ
Renseignements : Louis Cauchy, 514 235-3996
Jean Laverdière, 514 893-7809