2003.02.27

2003.02.27

Élection 2003: Santé – la panacée du secteur privé

La santé est un bien collectif trop important pour la livrer tout entière aux appétits financiers de l’entreprise privée. Au début des années ’60, les grandes centrales syndicales, de concert avec d’autres forces sociales, ont réussi par leur ténacité à obtenir l’instauration du régime public d’assurance maladie. Ce régime constitue l’un de nos acquis les plus précieux.

C’est ce système qui est aujourd’hui menacé par les ambitions de l’entreprise privée et de ses représentants politiques, tant au niveau des soins directs qu’à celui des services connexes (buanderie, cafétéria). Ces derniers prennent prétexte de certaines imperfections du système pour recourir au privé, au lieu de les corriger dans le cadre public. Ils s’appuient également sur des exemples comme la Suède où, nous dit-on, quelque 22 % des services de santé sont dispensés par le privé. Ils se gardent toutefois de nous dire qu’au Québec, ce pourcentage s’élève déjà à plus de 30 %. C’est déjà bien assez.

Il importe également de bien faire la distinction entre un financement privé des services et un financement public de services dispensés par le privé. La FTQ s’oppose vigoureusement au financement privé qui est l’assise même d’un système de santé à deux vitesses, l’une pour ceux qui ont les moyens de payer et l’autre pour les plus démunis.

S’engager dans cette voie serait un encouragement direct au désengagement des médecins pour aller soigner, dans le privé, ceux qui ont les moyens de payer.

À la FTQ, nous croyons que ce n’est pas là la voie à suivre, parce que la santé est un service public qui doit demeurer accessible à tous et à toutes, indépendamment de leurs conditions économiques et sociales.

Pour nous en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur la situation qui prévaut chez nos voisins du Sud.

L’exemple américain
Aujourd’hui, pas moins de 41 millions de citoyens américains ne disposent d’aucune assurance-santé, et quelque 60 millions ne sont couverts que partiellement.

C’est qu’il n’y a pas de régime public universel et que le coût des assurances privées est prohibitif. Pour une protection minimale, les assurances d’un couple ayant un seul enfant peuvent s’élever facilement à 930 $ par mois, soit plus de 11 000 $ par année ! Et depuis les deux dernières années, ces coûts augmentent à un rythme annuel de 15 %.

Le système de santé américain, reposant principalement sur les entreprises privées, engouffre de ce fait jusqu’à 25 % de leurs budgets dans des frais d’administration, dans des frais publicitaires (concurrence oblige !) et surtout, dans le versement de dividendes à leurs actionnaires et de primes de rendement à leurs gestionnaires. Ces obligations ont une incidence certaine sur la qualité des soins, alors que dans le secteur public, les coûts d’administration sont de l’ordre de 6 % des coûts totaux d’opération.

Publiée en novembre dernier dans le Journal of the American Medical Association, une analyse de 8 études effectuées entre 1973 et 1999 auprès de 500 000 patients américains recevant des soins d’hémodialyse contre l’insuffisance rénale montre que le nombre de décès parmi les patients traités dans un établissement privé est de 8 % plus élevé que dans le secteur public.

De façon générale, on estime que l’efficacité du système de santé américain est moindre que partout ailleurs dans les pays industrialisés, avec un taux de mortalité infantile plus élevé et une espérance de vie inférieure. Le problème du système en est essentiellement un d’accessibilité. Alors que les riches peuvent se payer des soins de qualité, la vaste majorité des moins nantis est laissée pour compte.

L’ouverture encore plus grande de notre marché au secteur privé de la santé accroîtrait d’autant les risques de décès et la détérioration des soins pour la majorité de la population, tout en permettant la présence, sur notre territoire, des grandes multinationales américaines, avides inconditionnelles de profits.

Privatisation = précarisation

«La fermeture et la privatisation des secteurs hospitaliers publics ou privés à but non lucratif (…) remettent aussi en cause l’accès aux soins d’une partie importante de la population américaine. Toutes ces indications et tendances actuelles font donc penser que le ‘nouveau système de santé américain’ conduirait à l’accentuation du gros problème de la précarité sociale aux États-Unis. (…) Immanquablement, les inégalités sociales s’accroîtront, sans que les coûts soient pour autant maîtrisés.»

Bettina Experton, Université de Californie

La clientèle des assureurs privés : triée sur le volet

«L’importance du secteur public dans des domaines comme les soins de santé est bien établie. Le secteur privé ne peut en aucun cas en faire autant. Ceux qui pensent qu’une médecine privée en est capable se trompent tous. Les assureurs privés ne peuvent trouver de motivation pour couvrir les personnes les plus vulnérables, car cela ira toujours contre les intérêts d’une compagnie d’assurance de couvrir quelqu’un qui est plus susceptible de tomber malade.»

Amartya Sen, Prix Nobel d’économie 1998

Le rapport du commissaire Roy Romanow sur le système de santé canadien, on le sait, vient de rejeter l’idée de laisser au secteur privé une latitude accrue dans les soins directs de santé.

Est-il besoin également de rappeler que même le Conseil du patronat a vertement critiqué le projet de l’ADQ concernant le financement privé dans la santé, conscient qu’il est des coûts prohibitifs qui pendent au nez des entreprises en terme d’assurances collectives pour maintenir une main-d’œuvre en santé ?

Le Rapport 2000 de l’Organisation mondiale de la santé
Partout, indique le Rapport de l’OMS, ce sont les pauvres qui pâtissent le plus des insuffisances des systèmes de santé et en l’absence d’une protection financière, ils s’appauvrissent davantage. Pour le Dr Gro Harlem Brundtland, directrice générale de l’OMS, «Les pauvres sont traités avec moins de respect que les autres, ils sont moins à même de choisir les prestataires de services et ils sont soignés dans des conditions moins satisfaisantes. En payant de leur poche pour améliorer leur santé, ils deviennent seulement plus pauvres.»

C’est pourquoi l’une des principales mesures recommandées par le rapport est la couverture de la plus grande partie de la population par une assurance-maladie financée par les impôts ou des cotisations à un régime public d’assurance ou de sécurité sociale.

Expérience espagnole et nuisances de la privatisation
En Espagne, la gestion des secteurs de technologie de pointe est de plus en plus confiée à l’entreprise privée. Résultat : au sein des blocs opératoires, on assiste à la mise en place de cadences industrielles. Par exemple, un service de chirurgie cardio-vasculaire peut fonctionner de 8 à 22 heures, avec 5 minutes d’intervalle entre deux opérations. De nombreuses études montrent un accroissement des infections postopératoires et une inflation galopante des coûts, le prix d’un examen radiographique étant facturé cinq fois plus cher dans le privé que dans le public.

Autre illustration : la République tchèque a poussé la restructuration et la privatisation des soins de santé plus loin que n’importe où dans le monde. Les établissements de soins de santé y ont été assimilés à n’importe quelle autre entité commerciale et traités comme tels. Les résultats ont été tellement médiocres que c’est le ministère de la privatisation lui-même qui a proposé d’interrompre le processus et de rétablir les établissements restants comme institutions sans but lucratif.

Bonne santé et marché privé : une illusion
«Au cours des quarante dernières années, l’expérience internationale démontre qu’une dépendance accrue sur le marché est associée à un rendement inférieur du système, c’est-à-dire à l’inégalité, à l’inefficacité, aux coûts élevés et à l’insatisfaction de la population.»

Robert Evans, professeur,
Université de Colombie-Britannique

 


Voilà pourquoi,
à la FTQ,
nous disons NON!
à la privatisation des soins de santé !

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