2004.03.22

2004.03.22

Des infirmières auxiliaires font une vigile de 30 heures devant l’AHQ

Montréal, le 22 mars 2004 – Des infirmières auxiliaires venues de toutes les régions du Québec ont commencé à dresser un campement devant le siège de l’Association des hôpitaux du Québec (AHQ), situé rue de Maisonneuve à Montréal. La vigile des infirmières auxiliaires, qui a débuté à midi aujourd’hui, durera 30 heures. Les infirmières auxiliaires veulent ainsi marquer leur opposition à la loi 30 qui les affecte particulièrement et qui est présentement contestée devant la Cour supérieure du Québec par plusieurs grandes organisations syndicales québécoises.

Membres de syndicats FSSS–CSN, SCFP–FTQ et SQEES–FTQ, les participantes à la vigile s’indignent d’une disposition odieuse de la loi 30, votée en décembre dernier, qui leur enlève le droit de choisir leur appartenance syndicale. Malgré les protestations généralisées des organisations syndicales, le ministre Couillard a opté pour la proposition émanant de l’Association des hôpitaux du Québec qui force les infirmières et les infirmières auxiliaires à se regrouper dans la même unité syndicale, une situation unique en Amérique du Nord.

La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, et le vice-président de la FTQ, Raymond Forget, se sont rendus sur les lieux de la vigile pour exprimer l’appui des deux centrales aux infirmières auxiliaires qui souhaitent retrouver la liberté de se constituer en syndicat selon leur choix.

« Depuis plus de 50 ans, les infirmières auxiliaires donnent fièrement des soins de qualité dans nos établissements de santé. Cette profession, il y a quelques années à peine, était menacée de disparaître. Entre 1991 et 2002, 3950 emplois d’infirmières auxiliaires ont été abolis créant une sérieuse pénurie de personnel dans les services infirmiers. Les infirmières auxiliaires, avec l’appui de nos organisations, ont lutté pour sauver leur profession. Aujourd’hui, elle est reconnue comme une clé importante pour répondre aux besoins grandissants dans les soins de santé. La loi 30 est un camouflet pour les infirmières auxiliaires, parce qu’elle ne respecte pas la réalité de leur profession et parce qu’elle leur enlève une liberté syndicale fondamentale », a déclaré la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

« Il serait temps que le ministre Couillard se mette à l’écoute des travailleuses et des travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux et qu’il cesse de pencher uniquement du côté des dirigeants du patronat et de l’AHQ. Il doit comprendre que les lois qu’il a supportées en décembre dernier sont des gestes d’hostilité envers un personnel engagé qui réalise un travail admirable dans nos établissements de santé et de services sociaux. Le résultat immédiat en est un de frustration et de colère parmi les syndiqués, mais le ministre Couillard doit maintenant admettre que ses lois vont endommager sérieusement les relations de travail et que c’est l’ensemble du réseau qui en souffrira », de poursuivre Raymond Forget, vice-président de la FTQ.

Une ingérence inacceptable

Plusieurs motifs amènent les infirmières auxiliaires à contester la forme de regroupement syndical que leur impose la loi 30, soit de créer un regroupement unique pour les infirmières, les infirmières auxiliaires et le personnel des services cardio-respiratoires.

– Les réactions des infirmières auxiliaires autant que celles des infirmières indiquent une très forte opposition de la base à ce regroupement forcé.

– Le Québec sera le seul endroit en Amérique du Nord où les infirmières et les infirmières auxiliaires n’auront pas le droit de se constituer en syndicats distincts.

– Regroupées dans un même syndicat, les infirmières et les infirmières auxiliaires seront représentées par deux corporations professionnelles distinctes, dont les rapports sont historiquement conflictuels.

– Les infirmières auxiliaires n’ont pas le même statut professionnel que les infirmières, selon la Loi sur les services de santé et les services sociaux, puisqu’elles ne peuvent faire partie du comité des infirmières de l’établissement et ne peuvent siéger au conseil d’administration.

– Face à un effectif de 53 700 infirmières dans le réseau public, les infirmières auxiliaires, dont l’effectif est de 13 731, deviendront un groupe très minoritaire dans les regroupements imposés par le ministre.

– Dans une proportion de 75 %, les infirmières auxiliaires ont choisi d’adhérer à des syndicats affiliés aux centrales syndicales CSN, FTQ qui regroupent l’ensemble des titres d’emploi et des professions du réseau public.

– Seulement 20,7 % des infirmières auxiliaires font partie des syndicats indépendants FIIAQ et APIIAQ qui regroupent uniquement des infirmières auxiliaires. Ce sont les seules organisations qui ont approuvé l’amendement du ministre.

– Les infirmières auxiliaires ne peuvent oublier l’histoire récente durant laquelle l’Ordre des infirmières du Québec, l’Association des hôpitaux du Québec et le MSSS ont voulu éliminer leur profession, sauf dans les soins de longue durée. Plus de 3950 emplois d’infirmières auxiliaires ont disparu au cours des dernières années, provoquant une pénurie de ressources dans les soins infirmiers.

– Les infirmières auxiliaires doivent encore combattre pour faire leur place dans le réseau, particulièrement dans les centres hospitaliers et les CLSC.

– L’adoption, en 2003, de la Loi sur les actes professionnels dans la santé et d’importants travaux conjoints sur la planification de la main-d’œuvre en soins infirmiers ont ouvert la voie à une meilleure collaboration au sein des équipes soignantes et à moins de tensions interprofessionnelles. Notons que l’on retrouve dans ces équipes soignantes des infirmières, des infirmières auxiliaires, des préposées aux bénéficiaires et, dans les CLSC, des auxiliaires familiales et sociales.

– Les progrès demeurent fragiles et il faut craindre les effets d’une cohabitation forcée et non désirée par les infirmières auxiliaires ainsi que par les infirmières dans un même regroupement syndical. Il devient de plus en plus évident que la structure syndicale imposée par l’AHQ et le ministre Couillard éveillera des frictions et des tensions qui n’ont plus raison d’être, créera la pagaille et fomentera la division entre professions.

– Fondamentalement, la formule syndicale imposée par le ministre Couillard est anti-démocratique parce qu’elle ne respecte pas la volonté des infirmières auxiliaires et des infirmières de se constituer en syndicat selon leur désir et leur affinité.

La CSN et la FTQ exigent que les infirmières auxiliaires retrouvent leur droit de choisir librement leur mode d’organisation syndicale contrairement à ce que stipule la loi 30. Le gouvernement doit réaliser qu’il a fait un erreur avec l’adoption de cette loi et doit en suspendre immédiatement son application.

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