2003.04.22

2003.04.22

Ambulances 2000 – Toujours sur le qui-vive !

Jeudi 19 décembre, 15 h 15, chez Ambulances 2000 à Saint-Jean-sur-Richelieu. On signale un code 1009. Dans le stationnement de l’entreprise, un moteur tourne. Les deux techniciens-ambulanciers à bord du véhicule vont finalement prendre le temps d’aller manger. Ils sont à l’œuvre depuis 7 h et ils prennent leur première pause de la journée!

Dans la caserne, une dizaine de leurs collègues veillent. Pendant que l’un d’eux roupille, Linda remballe une civière. Claude et Jean-François viennent de terminer l’inspection de leur véhicule, prêts à redémarrer au prochain appel.

Claude Houde : «Un événement particulier pour moi, ça été de serrer la main à un vieil homme réanimé deux fois. Ça m’a déstabilisé. Avant, on les perdait, sans le défibrillateur1. Maintenant, nous avons l’équipement avec nous et nous sauvons plus de vies.»

«Tu ne peux pas te laisser surprendre, explique Mario Harvey, qui fait ce travail depuis 15 ans et qui est président du secteur ambulancier à la section locale 298 du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ). «T’es toujours sur le qui-vive!»

Voilà, résumé en quelques mots, l’univers des techniciens-ambulanciers (ils se nomment eux-mêmes «t-a» pour faire plus vite…).

Exigence physique
Ambulances 2000 est née de la fusion de trois entreprises ambulancières du Haut-Richelieu. La majorité des salariés sont membres de la section locale 298 du SQEES-FTQ, qui représente quelque 650 techniciens-ambulanciers au Québec. Les femmes y prennent de plus en plus leur place.

«C’est un métier très exigeant physiquement mais à dimension très humaine parce que nous intervenons auprès des gens qui ont besoin de nous dans l’instant, dit Mario Harvey. La base du métier, c’est l’intervention dès les premières minutes. On peut empêcher une situation de s’aggraver, stabiliser la personne et même sauver une vie.»

Une formation plus poussée
C’est pour ça que le métier requiert une formation continue et que les t-a revendiquent – comme les infirmières – de pouvoir poser des «actes délégués» par les médecins. «Nous sommes directement sur le terrain et nous devons intervenir rapidement. De plus en plus de médecins nous délèguent des actes sur le terrain et nous ne croyons pas prendre la place des infirmières.»

Avant 1985, il ne fallait qu’une formation de base pour devenir ambulancier ou ambulancière : chauffeur, brancardier, secouriste. Depuis 1985, le métier a beaucoup évolué. Aujourd’hui, il faut une attestation d’études collégiales après 840 heures de cours.

Un projet-pilote dans les régions de la Montérégie, de Lanaudière, de Chaudière-Appalaches, de Québec et de Montréal permet actuellement à environ 500 techniciens-ambulanciers d’administrer jusqu’à cinq types de médicaments, selon les symptômes présentés. «Nous pouvons traiter les problèmes cardiaques, respiratoires ou diabétiques et une allergie mortelle, par exemple, avant ou pendant le transport. Nous pouvons ainsi éviter les complications», précise Mario.

Faire le vide
Ce n’est pas donné à tout le monde de faire ce métier. Il faut être capable de faire à la fois preuve de sang-froid et d’empathie, d’un sens aigu de l’analyse et de leadership, de courage et de la capacité d’intervenir rapidement.

Et il ne faut jamais prendre un appel à la légère, peu importe le code annoncé, parce qu’on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre rendu sur les lieux.

Chaque cas est unique. Mais il y en a de plus difficiles que d’autres. Dans l’équipe, c’est l’unanimité : intervenir auprès d’un enfant, surtout lorsqu’il est entre la vie et la mort, est une situation qui affecte profondément n’importe quel technicien-ambulancier. «Perdre un compagnon de travail, comme ça a été le cas pour nous en octobre 1999, ou n’importe quel citoyen, c’est très dur. Mais perdre un enfant, c’est le pire côté, le côté obscur. C’est très aigu. Après ce genre d’intervention, on débarque du service, explique Claude Houde qui forme équipe avec Jean-François Latour. «Il nous manque encore de pouvoir réanimer les enfants, ajoute ce dernier. C’est une des limites de notre métier.»

Après une intervention, il faut aussi être en mesure de faire le vide, pour se protéger et garder l’équilibre. «Sinon, ajoute Mario Harvey, tu ne dureras pas longtemps dans le métier.»

1. Appareil électrique servant à rétablir un rythme cardiaque normal.

L’action syndicale
Mario Harvey est président du secteur ambulancier au SQEES-298 depuis trois ans. À ce titre, il a participé à la récente consultation du gouvernement du Québec sur les services pré-hospitaliers d’urgence pour un meilleur encadrement du métier d’ambulancier et de premier répondant.

« Nous allons régulièrement voir ce que les membres veulent. Actuellement, les priorités sont l’abolition des horaires de garde (24 h/24 durant 7 ou 8 jours par quinzaine) et l’amélioration du régime de retraite pour qu’il soit accessible à partir de 55 ans. On sait combien c’est important dans un métier aussi exigeant. À Saint-Jean, par exemple, nos membres travaillent 12 heures par jour durant 7 jours consécutifs pour un horaire de 80 heures de travail en 14 jours. Dans d’autres régions, avec des horaires de garde, à 3 h du matin t’es au lit et à 3 h 5 t’es dans le fossé à faire de la réanimation. Il faut être prêt à intervenir en tout temps. Tu ne peux pas te permettre de ne pas l’être. C’est dur, c’est exigeant pour soi mais aussi pour la vie de famille.
Et on ne fait pas ça jusqu’à 65 ans.

«Nous continuons aussi à demander de la formation et des équipements. Pour améliorer la santé et la sécurité du travail mais aussi pour que, partout au Québec, tout le monde ait droit au même traitement et à la même qualité de service», conclut-il.

À travers le temps
Les premières «ambulances» ne faisaient que du transport de personnes mal en point. C’était souvent le garagiste du coin ou l’entrepreneur de pompes funèbres du village qui assurait le service. Avec les années et le développement du système de santé, les services se sont raffinés. On a construit des véhicules spécialisés qui sont devenus très sophistiqués. Les équipements utilisés par les ambulanciers sont de plus en plus nombreux et performants. Le métier se développe au même rythme, au gré d’une formation de plus en plus poussée.

Ambulances 2000, avec 28 salariés à temps plein sur un total de 76 techniciens-ambulanciers (dont 8 femmes), dessert 28 municipalités de la région de Saint-Jean-sur-Richelieu. La Régie régionale de la santé a déterminé qu’il y faut 12 techniciens-ambulanciers en service à la fois; ce chiffre est basé sur la population, le territoire à couvrir et l’achalandage. On y traite 12 000 appels par année.
Le propriétaire, Aimé Vézeau, a lui-même fait du transport de personnes à ses débuts. Il constate combien le métier a évolué. «Nous sommes appelés à nous développer encore plus. Dans la région, nous avons observé un vieillissement de 15 % de la population depuis un an. La moyenne québécoise est de 4 %.»

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