2002.04.25

2002.04.25

Vidéotron et TVA dans la mire de Quebecor – Pourquoi Péladeau s’attaque à ses fleurons

« Conflit inévitable à Vidéotron, Vote de grève au Journal de Montréal, Décision sauvage de TVA », tels sont quelques-uns des titres à avoir ponctué l’actualité ces dernières semaines. Ce qui étonne plus d’un observateur, c’est que Pierre Karl Péladeau s’attaque résolument à des entreprises très rentables pour l’empire Quebecor, y détruisant au passage les relations du travail. Pour comprendre cette apparente contradiction, il faut examiner la situation financière dans laquelle se retrouve Quebecor.

Pierre Karl pédale dans la choucroute

Quebecor se compose de deux grandes entités : Quebecor World ( essentiellement des imprimeries réparties dans 16 pays en Amérique du Nord, Asie, Europe, 43 000 employés au total ) et Quebecor Média ( TVA, Vidéotron, Netgraphe, Canoë, les magasins Archambault, les huit quotidiens de Sun Media dont le Journal de Montréal, divers journaux régionaux et autres publications, etc. ). Au 31 décembre dernier, Quebecor cumulait une dette de 8,1 milliards de dollars. On ne parle pas de millions mais bien de
milliards.

D’où vient cette dette? Principalement des activités de Quebecor World en Europe. Une partie vient aussi du fait que Quebecor a payé le gros prix pour acheter Vidéotron, suite à la surenchère qui l’a opposée à Rogers. On se rappellera que celle-ci avait eu lieu avec la complicité de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDP), pour éviter que les « méchants Anglais » ne s’emparent de ce joyau québécois des communications. Mal en prit à la Caisse d’ailleurs. Son placement de 2,9 milliards dans Quebecor Média ne valait plus que 1,8 milliard le 31 décembre dernier. Cette fumeuse transaction a retranché 1 % au rendement global de la CDP.

La dette de plus de 8 milliards rend les fins de mois difficiles pour notre « ami » Pierre Karl. Aussi doit-il littéralement siphonner ses entreprises pour rencontrer les exigences de cette dette colossale. Où trouver l’argent? Poser la question, c’est déjà y répondre. Pour le plus grand malheur des employés, ce sont les entreprises rentables de Quebecor qui forment la ligne de front. En effet, où trouver l’argent? Sûrement pas dans les canards boiteux…

La conjoncture actuelle reste pour le moins ironique. Après s’être aventurée sur de la glace trop mince, la direction de Quebecor entend faire écoper les employés de ses entreprises les plus florissantes. Et pour ceux qui pensent que ces négociations ne les concernent pas, il y a fort à parier que du côté de Cogeco, Ti-Oui (Louis Audet, pdg de l’autre compagnie de câble) observe le déroulement de ces négociations avec beaucoup d’intérêt…

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