Grand dossier : La vie chère

Introduction


Dans ce dossier spécial, Le Monde ouvrier a choisi de braquer les projecteurs sur la crise de la vie chère : non seulement pour démystifier ces raccourcis faciles, mais pour explorer des solutions ambitieuses et nécessaires face à une situation aussi déplorable. Car il ne s’agit pas seulement de logements, mais d’un modèle de société qui dérape.

La vie chère

La forte inflation des dernières années recule enfin. La Banque du Canada a même commencé à réduire son taux directeur face à une économie qui tourne de plus en plus au ralenti. Malgré une hausse du chômage, la situation est loin d’être comparable à celle des années 1980 où le taux de chômage a déjà atteint 12%. Même si les données sur l’économie et l’emploi semblent encourageantes à première vue, l’impression que les Québécoises et les Québécois se portent mal demeure persistante. Les signaux d’alarme sont devenus trop nombreux pour être ignorés.

L’insécurité alimentaire est en hausse et les banques alimentaires font état d’un nombre record de demandes parmi lesquelles de plus en plus de personnes qui occupent un emploi. En quelques années, la crise de l’habitation s’est exacerbée avec une forte augmentation du prix des loyers et un taux d’inoccupation extrêmement bas. Des Québécoises et des Québécois doivent faire des choix impossibles, comme celui de couper ses médicaments en deux ou de sauter des doses. Du côté des syndicats, les membres réclament avec raison que leurs salaires soient augmentés pour tenir compte de la hausse du coût de la vie.

« Pendant des années, la FTQ s’est battue pour augmenter le salaire minimum, relate la présidente de la FTQ, Magali Picard. Même si demain matin, le salaire minimum passait à 21$, on ne réglerait pas le problème. Pour plusieurs travailleuses et travailleurs, ce ne serait pas suffisant pour joindre les deux bouts ». Au cours des derniers mois, les deux dirigeants de la centrale ont parcouru plusieurs régions du Québec pour aller à la rencontre de personnes qui sont au front de la hausse du coût de la vie. Les hommes et les femmes qui s’occupent des moins nantis de la société québécoise ont confirmé la gravité de la situation. Les Québécoises et les Québécois n’y arrivent plus et la souffrance humaine est plus visible que jamais, particulièrement dans les centres urbains.

L’immigration est à la base du problème

La crise du logement est surtout liée au déficit de construction de logements sociaux, aux difficultés d’accès à la propriété, au nombre croissant de locations à court terme sur des plateformes comme Airbnb, à la facilité de conversion de logements en condos et aux évictions de plus en plus nombreuses. Les personnes immigrantes, quant à elles, constituent une faible portion de la nouvelle demande pour des logements.

Ce dossier spécial du Monde ouvrier s’intéresse à la vie chère et plus particulièrement à la crise de l’habitation. Cette question trône au sommet des préoccupations du moment. Dans nos discussions avec les personnes œuvrant au sein des groupes communautaires, tout partait ou se rapportait au logement. Les dysfonctions actuelles du marché avec des prix indécents et une cruelle rareté ont un impact sur le bien-être collectif et individuel des Québécoises et des Québécois. Le logement n’est pas le seul problème associé à la vie chère, mais il s’agit d’un des plus urgents à régler. Le Monde ouvrier a ainsi voulu explorer des pistes de solution pour régler cette crise intolérable dans une société aussi riche que le Québec.

Dans un court documentaire, Magali Picard et Denis Bolduc expliquent ce concept qui touche des milliers de familles au Québec. Découvrez ce qu’ils ont appris lors de leur tournée à travers le Québec. Des témoignages frappants, des réalités qui interpellent.