Éditorial
Fin de régime à Ottawa et à Québec
La forte inflation des dernières années recule enfin. La Banque du Canada a même commencé à réduire son taux directeur face à une économie qui tourne de plus en plus au ralenti. Malgré une hausse du chômage, la situation est loin d’être comparable à celle des années 1980 où le taux de chômage a déjà atteint 12%. Même si les données sur l’économie et l’emploi semblent encourageantes à première vue, l’impression que les Québécoises et les Québécois se portent mal demeure persistante. Les signaux d’alarme sont devenus trop nombreux pour être ignorés.

À Québec, la CAQ est complètement dépassée dans les deux sens du terme. Après des années de domination, elle pourrait se retrouver en deuxième, voire en troisième place lors des prochaines élections. Face à une batterie de problèmes (excusez-la!), ce gouvernement n’a pas été capable de répondre avec satisfaction aux besoins fondamentaux de la population. Le marché du logement est complètement déréglé. Le panier d’épicerie coûte un bras. Les promesses pour améliorer le système de santé n’ont pas encore porté fruit. Mais bon, il ne fallait pas s’attendre à beaucoup d’empathie et de solidarité de la part d’un gouvernement formé de banquiers et de gens d’affaires.
Au lieu de sortir de sa torpeur, la CAQ redouble d’arrogance et pointe des boucs émissaires, comme l’immigration, pour essayer de détourner le regard de son bilan peu reluisant. Récemment, le premier ministre a même appelé à défaire le gouvernement libéral à Ottawa. Non mais, de quoi se mêle-t-il ? Les probabilités d’un gouvernement minoritaire à Québec demeurent très élevées. Pour les progressistes, ce contexte est favorable pour remettre de l’avant un programme de justice sociale : une assurance médicaments publique et universelle, la déprivatisation du réseau de la santé et des services sociaux, un salaire minimum décent ou encore la construction de logements sociaux et communautaires.
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, les voies ensoleillées de Justin Trudeau se sont transformées en cul-de-sac. L’entente avec le NPD étant rompue, des élections pourraient avoir lieu très bientôt et au plus tard en octobre 2025. Si la situation demeure la même, les probabilités que les conservateurs forment le prochain gouvernement sont malheureusement très élevées. Leur chef, Pierre Poilievre, se donne des allures de dur à cuire et cultive une image de proximité avec le monde ordinaire. Pourtant, il ne s’agit que d’une façade trompeuse. Ce parti n’a rien à offrir aux travailleuses et aux travailleurs. À des problèmes de société complexes, il n’offre que des messages clés simplistes et des insultes pour ses adversaires. Que propose Pierre Poilievre pour régler la crise du logement, la pauvreté ou pour relancer l’économie? Absolument rien. Quel est son plan pour lutter contre les changements climatiques? Abolir la taxe sur le carbone!
Cela dit, les conservateurs ont très bien saisi le changement d’humeur de la population. Pour le moment, ils ont le champ libre et cela doit cesser. Sans s’abaisser à leur niveau, la FTQ doit prévenir les travailleuses et les travailleurs des dangers concernant un éventuel gouvernement conservateur. Plusieurs des membres que nous représentons les appuient. Cependant, sont-ils tous au courant de ce que cela signifie concrètement ? Sont-ils tous au courant des impacts sur leur bien-être et leurs droits? Comme syndicalistes, nous devons aller à la rencontre des membres, reprendre le dialogue et défendre nos convictions.
Solidairement,
Magali Picard, présidente
Denis Bolduc, secrétaire général