CHAPITRE 1

De l’extrême droite aux nouvelles droites


Journée de réflexion sur les nouvelles droites

Êtes-vous frappés d’un sentiment d’incompréhension ou d’impuissance face à la montée des droites un peu partout dans le monde? Au sud de la frontière, l’ex-président Donald Trump a fomenté un coup d’État et emploie une rhétorique similaire à celle d’Adolf Hitler en accusant l’immigration illégale d’empoisonner le sang de la nation. Et pourtant, il pourrait fort bien remporter les prochaines élections en novembre 2024. En Allemagne, des cadres d’Alternative für Deutschland (AfD), lequel est considéré comme un parti politique d’extrême droite, ont participé à une rencontre avec des néonazis, entre autres, pour élaborer un plan de déportation selon des critères raciaux. Des déportations qui s’appliqueraient également à des personnes qui ont la citoyenneté allemande!

Au Québec, on constate que les divers groupes d’extrême droite sont de plus en plus présents et que leurs activités impliquent davantage de violence. Les incidents et les dérives sont trop nombreux pour être tous décrits ici, mais il semblerait que les démocraties occidentales soient atteintes du même virus. Avec la pandémie, tout ce qu’il y avait de plus nauséabond a refait surface. En quelques années, les partis politiques ayant des idées xénophobes, racistes et réactionnaires ont pris le pouvoir ou occupent une place importante sur l’échiquier politique. Pour le moment, le Québec n’est pas aussi touché qu’ailleurs dans le monde, mais le sera-t-il encore longtemps? Il y a donc urgence de comprendre comment ces nouvelles droites opèrent et de souligner l’incompatibilité de leurs idées et positionnements avec les valeurs promues par la FTQ.

Pour le moment, le Québec n’est pas aussi touché qu’ailleurs dans le monde, mais le sera-t-il encore longtemps?

Il y a donc urgence de comprendre comment ces nouvelles droites opèrent et de souligner l’incompatibilité de leurs idées et positionnements avec les valeurs promues par la FTQ.

À l’origine de la journée de réflexion sur la montée des nouvelles droites

La journée de réflexion sur la montée des nouvelles droites découle d’une résolution qui fait partie de la déclaration de politique sur la pandémie de COVID-19, laquelle a été adoptée au 33e Congrès de la FTQ (2023). À sa lecture, on constate toutefois que la centrale devait se pencher sur l’extrême droite et non sur les nouvelles droites (voir encadré).

Pour la petite histoire, cette section de la déclaration a été réécrite une dizaine de fois afin de trouver le ton juste. Signe que le sujet était déjà sensible! Rapidement, les discussions ont porté sur le terme «extrême droite». Qu’est-ce que cela signifiait exactement? S’agissait-il des bons mots pour décrire le contexte actuel? Voulait-on vraiment utiliser ce terme très lourd qui est généralement associé à la violence politique et la haine? Comment les membres allaient-ils recevoir cette proposition? Finalement, la FTQ a choisi de mettre l’accent sur l’extrême droite dans la résolution tout en reconnaissant dans le corps du texte que ces droites étaient plurielles.

QU’IL SOIT RÉSOLU QUE le 33e Congrès de la FTQ s’engage activement dans la lutte contre la montée de l’extrême droite, organise une journée de réflexion pour mieux comprendre le phénomène et soutienne les efforts d’éducation politique des syndicats affiliés.

– Résolution sur l’extrême droite adoptée au 33e Congrès de la FTQ (2023)

Il est gênant de l’admettre, mais après plusieurs mois de lectures, de recherches, de discussions et d’échanges, nous avons encore de la difficulté à définir ce qu’est l’extrême droite en 2023. Lors de nos rencontres, plusieurs membres des syndicats affiliés nous ont fait part d’un certain malaise par rapport à un terme jugé trop chargé. Des chercheurs et des chercheuses nous ont aussi mis en garde quant à son utilisation dans la perspective de maintenir le dialogue avec le plus grand nombre. Son usage dans le cadre de la journée de réflexion comportait donc plus d’inconvénients que d’avantages. Ainsi, nous avons choisi de parler de la montée des nouvelles droites. Cela nous a offert une vision plus complète du phénomène et une compréhension plus nuancée des interactions qui existent entre les différentes droites, qu’elles soient extrêmes, radicales, identitaires, réactionnaires, fascistes, populistes ou autres. Nous évitions également de heurter certaines sensibilités en apposant une telle étiquette à des personnes et des partis politiques. Des désaccords sur ces questions sont possibles. Peu importe la manière de qualifier ce phénomène, la FTQ demeurera toujours engagée à combattre les idées et les gestes qui menacent les intérêts des travailleurs et des travailleuses ainsi que la démocratie.

Pourquoi ne pas parler de l’extrême gauche également?

Plusieurs nous ont demandé pourquoi la FTQ ne s’intéressait pas aussi à l’extrême gauche. D’abord, ce sont les partis de droite radicale et d’extrême droite qui prennent le pouvoir dans de nombreux pays occidentaux et qui menacent la démocratie et les syndicats. Ce n’est pas le cas de l’extrême gauche. Ensuite, on ne peut pas faire une simple équivalence entre l’extrême droite, qui porte un discours haineux envers certains groupes de personnes, et l’extrême gauche qui s’attaque le plus souvent à des institutions ou des systèmes. Évidemment, la FTQ dénoncera toujours toute forme de violence envers les individus ou toute tentative de détruire la démocratie, et ce, autant à droite qu’à gauche.

Trouver une définition consensuelle est un sport extrême

D’après Mathieu Bock-Côté, l’extrême droite constitue avant tout une catégorie fantomatique qui sert essentiellement à discréditer tout ce qui est contraire aux diktats du wokisme. Pour cet essayiste ultraconservateur, il faudrait limiter les contours de l’extrême droite aux néonazis, aux fascistes des années 1930 ainsi qu’aux groupuscules violents qui veulent détruire la démocratie. Comparer la situation actuelle avec les pires régimes totalitaires, comme le fait Bock-Côté, ne tient pas la route selon nous. Bien que l’on puisse tracer des parallèles et tirer des leçons pertinentes quant à cette période trouble, il apparaît évident que le monde a changé. Le contexte politique n’est plus le même et le visage de l’extrême droite s’est transformé. De nos jours, l’idéologue type d’extrême droite ou de droite radicale ne porte pas une chemise de couleur (brune, noire ou bleue), mais plutôt un complet ou de l’équipement militaire. Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de partis politiques totalitaires ou de forces paramilitaires semant la terreur que tout va très bien Madame la Marquise!

Même si nous ne sommes pas d’accord avec la conception du phénomène de Mathieu Bock-Côté, qui nous apparaît beaucoup trop restreinte, son analyse révèle toutefois la complexité du phénomène. En effet, il n’existe pas de consensus fort sur ce qu’est l’extrême droite. Plusieurs chercheuses et chercheurs à qui nous avons parlé ont également indiqué qu’il était plutôt difficile de la définir clairement. L’historien français Michel Winock résume de manière incomparable ces difficultés en affirmant que l’extrême droite est une tendance politique dure, mais un concept mou1. Pour le professeur David Morin, il faudrait parler des extrêmes droites au pluriel pour refléter leur diversité! Le sociologue français, Alain Bihr, évoque le fait que l’extrême droite serait «comme bien d’autres vocables du langage politique, une appellation incontrôlée».

Malgré tout, l’extrême droite ou les extrêmes droites présentent des caractéristiques communes qui forment un tout assez cohérent qu’on pourrait considérer comme une vision du monde. On glorifie une identité collective (ex.: la race blanche ou la nation), laquelle serait menacée de toute part et même assiégée. L’idée selon laquelle la société ou la nation entrerait dans une phase de décadence totale est omniprésente. L’autre (ex. : les immigrants ou les juifs) est perçu comme une menace ou un traître qu’il faut absolument combattre, ce qui revient souvent à déshumaniser certaines personnes qui ne sont pas reconnues comme des semblables ou des égaux. Pour Cas Mudde, «la famille des partis d’extrême droite est fondée sur cinq critères: le nationalisme, le racisme, la xénophobie, l’opposition à la démocratie et la valorisation de l’État fort».

[L]a famille des partis d’extrême droite est fondée sur cinq critères: le nationalisme, le racisme, la xénophobie, l’opposition à la démocratie et la valorisation de l’État fort

Avec de telles caractéristiques, il est donc compréhensible que les revendications et les boucs émissaires changent d’une époque à l’autre. Des chercheurs et des chercheuses ont identifié des dimensions ou des thèmes communs à ces extrêmes droites. Pour Halikiopoulou et Vlandas, les partis politiques issus de cette mouvance partagent une vision sur la souveraineté, proposent des solutions nationalistes à divers problèmes socio-économiques et s’approprient la question de l’immigration («own» the immigration issue). Selon le philosophe Alberto Toscano, ces différents mouvements convergent autour de trois éléments clés : l’adhésion à la théorie du grand remplacement, la panique morale concernant l’idéologie de genre ainsi que la guerre contre les wokes. Dans nos entretiens, plusieurs experts et expertes ont parlé également de nationalisme identitaire, de conservatisme, de misogynie, entre autres.

Nombreuses définitions traditionnelles de l’extrême droite mettent l’accent sur l’utilisation de la violence à des fins politiques ainsi que le rejet de la démocratie. Pour certains, de tels critères sont essentiels pour distinguer l’extrême droite, par exemple les néonazis, les droites radicales, qui peuvent être représentés par des partis politiques. Pour d’autres, ils ne sont pas nécessairement pertinents. On mentionne, à raison, que plusieurs gouvernements fascistes n’ont pas eu recours à la violence pour prendre le pouvoir. Et parfois, des partis politiques de droite radicale semblent jouer les règles du jeu démocratique et, une fois au pouvoir, opèrent un virage autoritaire et même violent. Bref, trouver une définition de l’extrême droite qui fasse consensus, c’est pas mal compliqué!

Un outil pour qualifier l’illégitime

L’extrême droite n’est pas une catégorie neutre. Il s’agit d’un terme qui sert à départager ce qui est légitime de ce qui ne l’est pas. Ce qui est considéré comme relevant de l’extrême droite varie selon les époques, mais aussi selon les individus, en fonction de leurs convictions politiques et des situations d’oppression vécues. C’est pourquoi, tout au long de cette démarche, nous avons fait très attention aux mots que nous utilisions. En 2024, peu d’individus souhaitent faire partie d’une catégorie comprenant des néonazis ou des membres du Ku Klux Klan et rares sont les personnes et les groupes qui revendiquent une telle étiquette. Les médias et les personnes expertes débattent fréquemment afin de déterminer si un individu ou un parti politique – comme Donald Trump, le Parti conservateur du Québec, Éric Zemmour ou Marine Le Pen – doivent être associés ou non à l’extrême droite. Il s’agit là de questions importantes, mais dans le cadre de la réflexion sur les nouvelles droites, l’objectif de la FTQ n’est pas de catégoriser tous les groupes, individus et mouvements.

Comme il s’agit d’un sujet sensible, il importe d’effectuer quelques distinctions. Un travailleur ou une travailleuse qui adhère à certaines idées ne peut être mis sur le même pied d’égalité que des personnes qui font la promotion active d’idées d’extrême droite, que ce soit au sein de partis politiques, de groupes ou en tant qu’intellectuel ou intellectuelle. Par exemple, le grand remplacement constitue une thèse d’extrême droite, mais ceux ou celles qui y adhèrent ne sont pas nécessairement des personnes qui sont engagées en faveur de cette idéologie. En revanche, celles qui répètent inlassablement qu’il existe un complot pour remplacer les populations blanches doivent être considérées pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des propagateurs de thèses toxiques d’extrême droite qui mettent en danger le vivre-ensemble. Si vous lisez un tant soit peu les journaux, vous avez probablement quelques noms en tête.

Cela dit, soulignons que plusieurs partis politiques ont rejeté l’étiquette d’extrême droite et entrepris une stratégie de normalisation pour légitimer leur présence dans l’espace public. En France, le parti du Rassemblement national (RN), autrefois le Front national (FN), a connu un certain succès à cet effet. On arrive presque à oublier qu’il a été fondé par des néo-fascistes et des réactionnaires de tout acabit. Même si les discours se sont adoucis, les idées demeurent pourtant sensiblement les mêmes. Les forces d’extrême droite sont passées maîtres dans l’art de l’euphémisme et parfois du camouflage. En jouant sur deux tableaux, ceux-ci sont plus difficiles à débusquer. Par exemple, un polémiste réactionnaire québécois, que nous ne nommerons pas pour ne pas lui faire quelconque publicité, n’hésite pas à employer une rhétorique des plus violentes pour parler des personnes immigrantes (« métèques ») ou des musulmans (« mahométans ») lorsqu’il communique avec ses partisans et ses partisanes, mais emploie un langage policé lorsqu’il s’adresse à un public plus large, notamment lors de consultations officielles.

Les droites ne forment pas un bloc monolithique

Dans l’espace public, il existe toutes sortes de manières de qualifier et décrire les différents courants de droite : extrême droite, ultra-droite, alt-right (alt-droite), droite nationale, droite nationaliste, droite ultra-nationaliste, droite dure, droite radicale, droite radicale populiste, populisme de droite, national-populisme, droite conservatrice, droite ultra-conservatrice, droite réactionnaire, droite autoritaire, droite identitaire, droite libertarienne, anarcho-capitalisme, post-fascisme, suprémacisme, pétro-fascisme, droite religieuse, droite chrétienne et bien plus encore! Êtes-vous confus ou confuse? Nous aussi. Il peut parfois être difficile de s’y retrouver parmi toutes ces droites. Des distinctions sont parfois pertinentes et nécessaires parce que les nouvelles droites ne constituent pas un bloc monolithique. Mais dans certains cas, ces appellations font partie d’une stratégie de normalisation et de marketing de l’extrême droite. Il faut donc faire preuve de prudence!

Dans tout mouvement, on trouve autant de points en commun que de divergences. Parler de nouvelles droites nous confronte à la multiplicité des idées qui circulent, lesquelles peuvent être parfois en contradiction les unes avec les autres. La configuration idéologique apparaît en effet plutôt confuse. Et chaque pays dispose d’une histoire et d’un contexte qui fait en sorte que les droites ne se manifestent pas de la même manière. Ainsi, comment peut-on analyser conjointement d’ultraconservateurs religieux qui prônent un retour aux valeurs d’antan avec des personnes qui demandent une réduction de l’immigration afin de préserver l’égalité entre les hommes et les femmes? Comment peut-on concilier les discours écofascistes qui mettent l’accent sur la protection de la nature et la nation avec ceux et celles qui revendiquent haut et fort une utilisation débridée des énergies fossiles? Dans son ouvrage sur les droites, Pablo Stefanoni recense plusieurs de ces alliances contre-intuitives comme l’homonationalisme, l’écofascisme, le national-féminisme ou encore les convergences entre les libertariens et l’extrême droite2. Pour Philippe Corcuff, c’est le brouillage des repères politiques, notamment autour de l’axe gauche/droite, qui a permis « le développement de passerelles discursives entre extrême droite, droite, gauche modérée et gauche radicale ». C’est ce qu’il nomme le confusionnisme. Tout comme Stefanoni, celui-ci observe que la xénophobie s’est installée dans des luttes comme la laïcité, le féminisme et l’anticapitalisme3. Il n’est donc pas évident d’identifier un socle commun à l’ensemble de ces droites. Il semble y avoir énormément de mouvement d’un point de vue idéologique.

Il peut également être difficile d’expliquer pourquoi les nouvelles droites sautent d’un sujet à l’autre avec une aisance stupéfiante. En très peu de temps, on a vu les mêmes personnes passer d’un agenda anti-islam, à l’opposition aux mesures sanitaires puis à la «défense» des enfants contre les supposés dangers des drag queens ou des personnes trans. Où est le fil conducteur parmi toutes ces revendications? Dans son ouvrage Post-fascism, Alberto Toscano explique que les fascistes cherchent constamment à récupérer de nouveaux matériaux idéologiques4. D’une certaine manière, on peut les considérer comme des «charognards idéologiques». Cet opportunisme explique probablement beaucoup de choses. Cela dit, nous estimons que ce serait une erreur de qualifier leur pensée d’incohérente ou d’irrationnelle. Les nouvelles droites ont une vision du monde et vont tenter de l’imposer avec les moyens à leur disposition.

Pour le mouvement syndical, une telle inconstance n’est pas du tout familière. Ouvrez par hasard un numéro du Monde ouvrier depuis sa création en 1916 et vous ne serez pas du tout surpris. On y parlera probablement d’assurance chômage, d’assurance maladie, de régimes de retraite, du travail des enfants, du salaire minimum et des accidents de travail. Est-ce que les syndicats manquent d’imagination et peinent à se renouveler? Peut-être diront certains, mais nous préférons penser qu’il s’agit d’un signe de constance et de détermination!

Une constellation de droites un peu nébuleuse

Comme elles manquent un peu de cohésion, toutes ces nouvelles droites ont un petit quelque chose d’insaisissable. Pour essayer de trouver un sens, il est utile de les envisager comme faisant partie d’un même système ou si on veut d’une même famille. À cet égard, recourir à des images ou des analogies constitue une excellente manière de mieux comprendre. Le professeur David Morin juge que les droites réactionnaires évoluent au sein d’un écosystème. D’autres parlent d’un parapluie de droites extrêmes et on utilise parfois les notions de galaxie, de constellation et même de nébuleuse. Peu importe l’image choisie, il est essentiel de retenir que ces droites évoluent dans un univers commun. Elles partagent des idées, des discours et des pratiques et surtout, elles se renforcent mutuellement. Vu de cette manière, la distinction entre des extrêmes droites infréquentables d’un côté et des droites radicales respectables de l’autre apparaît plutôt artificielle. Cela permet aussi d’intégrer toutes les portes d’entrée potentielles vers les nouvelles droites, que ce soit le masculinisme, les théories du complot ou encore la «conspiritualité».

Considérer toutes ces droites évoluant dans un univers commun apporte une clé de compréhension afin de mieux expliquer ce qui se passe actuellement. Prenons le cas du Parti conservateur du Canada (PCC). On peut raisonnablement affirmer qu’il a opéré un virage très à droite depuis quelques années, mais qu’il ne s’agit pas formellement d’une formation d’extrême droite comparativement à ce qu’on peut observer en Europe. Pourtant, il s’y passe des choses profondément perturbantes. Il y a environ un an, des députés et des députées du PCC ont rencontré une députée d’extrême droite de l’AfD (Allemagne). Une députée du PCC, Leslyn Lewis, a parrainé une pétition demandant au Canada de quitter l’ONU, ce qui impliquerait aussi de se retirer de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Récemment, Pierre Poilievre a rencontré des groupes d’extrême droite dans les Maritimes et a évité de dénoncer les suprémacistes blancs. Le complotiste d’extrême droite, Alex Jones, a également affirmé que le chef du PCC était « solide » et que le Canada et le reste du monde avaient besoin de leaders comme lui. C’est sans compter que Maxime Bernier, un ancien conservateur, a fondé le Parti populaire du Canada qui fait la promotion d’idées extrêmes en matière d’immigration et qui flirte avec les théories du complot. Ces événements ne constituent pas de simples erreurs ou accidents de parcours. Il s’agit de signes que les droites partagent des affinités et poussent dans la même direction.

Ce phénomène est documenté et peut être analysé à partir de ce qu’on appelle «la fenêtre d’Overton», du nom de son concepteur, Joseph P. Overton, qui illustre comment les idées et les politiques deviennent admissibles dans le débat public. Il y a quelques années, certaines positions et actions auraient été largement considérées hors des limites de l’acceptable. Le fait que celles-ci semblent maintenant trouver un écho plus large suggère que la fenêtre d’Overton s’est déplacée ou élargie pour inclure des positions plus radicales. Autrement dit, ce qui était auparavant jugé marginal ou extrême peut désormais être discuté plus ouvertement et intégré dans le discours politique général, indiquant un changement dans ce que le public perçoit comme valable ou normal. Ce glissement n’est pas fortuit, il résulte souvent d’efforts délibérés, illustrant comment les dynamiques de pouvoir et culturelles influencent les normes sociales et politiques.