2004.06.14

2004.06.14

De jeunes syndicalistes de la FTQ en France – Une formation privilégiée pour la relève

En mars dernier, tout comme ce fut le cas en décembre 2000, des membres du Comité des jeunes de la FTQ ont participé à un échange avec de jeunes syndicalistes français, dans le cadre d’un programme parrainé par l’Office franco-québécois de la jeunesse (OFQJ). Des deux côtés de l’Atlantique, l’expérience ravit notre relève qui en tire une foule d’informations, bien sûr, des enseignements mais aussi la motivation et le goût de continuer à militer. Peut-être que ce genre de formation permet aussi aux jeunes de devenir des acteurs avertis du Québec de demain ?

De façon générale, ces stages mettent en relief les différences des systèmes et des cultures. Un des éléments les plus frappants, selon les témoignages, c’est que le mouvement syndical français a un faible taux de syndicalisation (11 %) par rapport au Québec (41 %). Là-bas, la syndicalisation est volontaire. Ce qui la rend plus difficile encore, c’est que les non-syndiqués peuvent bénéficier des mêmes avantages que les syndiqués.

D’ici l’été, les stagiaires France-Québec produiront un guide pratique à l’intention des jeunes travailleurs saisonniers, une sorte d’abc des droits du travail au Québec et en France. Un outil très utile puisqu’un total de 15 000 permis de travail saisonniers seront émis cette année de part et d’autre. En 2003, 2 500 jeunes du Québec sont allés travailler aux vendanges et à Euro Disney.

Les jeunes syndicalistes français sont au Québec ces jours-ci. On leur a préparé un programme bien intéressant : trois visites en milieu de travail (aérospatiale – FTQ, santé – CSN, école – CSQ), un souper avec les dirigeants des centrales et des ateliers sur divers sujets : la syndicalisation des jeunes, des femmes, des personnes à statut précaire ou issues de l’immigration; la condition féminine et l’équité salariale; la mondialisation et les fonds de travailleurs et travailleuses; le Québec sociopolitique et l’histoire.

Annabelle Chouinard est membre de la section locale 8830 du Syndicat des Métallos chez Sports Maska, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Représentante syndicale en santé-sécurité depuis 1996, elle a été secrétaire de son syndicat durant dix ans. Elle a participé à l’échange de l’OFQJ en décembre 2000.

«Mon expérience en France m’a donné le goût de conserver nos acquis et d’améliorer notre sort. Ça m’a donné une vision plus claire de ce qui a été fait par d’autres avant nous.

«J’ai eu de la chance que les Métallos pensent à moi pour le stage. C’était valorisant, ça m’a donné de la motivation. J’ai pris des cours, j’ai reçu de la formation. J’aimerais pouvoir partager ce bagage avec d’autres jeunes au sein d’un comité jeunes Métallos».

Julie Ferland a d’abord été déléguée de la section locale 146Q du Syndicat des communications, de l’énergie et du papier (SCEP) chez Purolator Courrier, à Sherbrooke, avant de venir travailler à Montréal. Depuis trois ans, elle est déléguée en chef des griefs pour les 500 employés de bureau de l’entreprise au Québec. Elle est formatrice au SCEP et représente le Québec
au comité des jeunes de son syndicat. Elle a participé au programme de l’OFQJ en 2000.

«Quand je suis entrée chez Purolator, j’avais 18 ans. Je ne savais même pas que j’étais syndiquée. Je me suis impliquée et j’ai participé à la négociation. Quand je suis allée en France, tout ce que je connaissais c’était ma convention collective. J’en ai appris autant sur nous que sur eux. Je suis revenue avec un œil nouveau sur nos clauses, pour leur faire dire exactement ce qu’on veut dire et laisser le moins de place possible à l’interprétation.

«Je n’en revenais pas des connaissances des jeunes là-bas. Ici, dans mon entourage, parmi mes amis, on ne connaît pas les syndicats, on a des préjugés. Si j’avais été mieux informée quand je suis arrivée sur le marché du travail, j’aurais attendu moins longtemps pour faire valoir mes droits et ceux de mes collègues.»

Éric Rancourt est délégué syndical de la section locale 712 du Syndicat des Machinistes (AIMTA) chez Bombardier, depuis trois ans. Il a déjà connu une grève et un maraudage, ce qui lui fait dire qu’il a acquis rapidement beaucoup d’expérience syndicale. Il préside le comité des jeunes du Conseil des Machinistes du Québec et représente son syndicat au Comité des jeunes de la FTQ. En 2003, il a représenté la FTQ au sein de la délégation du Conseil permanent de la jeunesse en Belgique. Il revient de France.

«Au début, ça a été le choc culturel. Surtout quand tu apprends, par exemple, qu’en France 95 % des salariés bénéficient d’une convention collective. Mais on se rend compte que nous pouvons mettre beaucoup de choses en commun, en les adaptant. C’est inspirant.

«Dans nos comités jeunes des Machinistes, on organise des activités sociales à l’extérieur du milieu de travail
et les membres l’apprécient. On crée des liens et les messages passent mieux après, surtout quand c’est un jeune qui parle à d’autres jeunes (environ 40 % des membres chez Bombardier).»

Des différences
En France

-Tout le monde peut être syndiqué mais personne n’est obligé d’adhérer à un syndicat ni de payer des cotisations

– Sous un même toit, on peut retrouver plusieurs associations syndicales différentes : chaque personne peut choisir son syndicat et sa centrale

– Une personne non syndiquée peut aussi faire appel à un «représentant des travailleurs» au besoin

– L’ancienneté n’est généralement pas reconnue : lors d’une mise à pied, ce ne sont pas nécessairement les plus jeunes qui partent mais les personnes occupant les postes touchés

– Le salaire est versé mensuellement

– Cinq semaines de vacances pour tout le monde

-La semaine de 35 heures payée 39 : plus de sous-traitance, moins d’emplois créés

– Douze jours de formation syndicale par année :
cinq payés à 100 % et sept à 75 % par l’employeur

– Syndicats et employeurs prennent les décisions ensemble quand il est question d’embauche, de conditions de travail ou de retraite.

 

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