2022.03.30

2022.03.30

Le plan de réduction des émissions pour 2030 améliore la transparence, mais l’approche pangouvernementale fait toujours défaut

Territoires non-cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 29 mars 2022. – Le nouveau Plan de réduction des émissions pour 2030 publié aujourd’hui représente le premier plan climatique du Canada imposé par la loi. Il s’agit du plan le plus détaillé et le plus transparent que le gouvernement fédéral ait jamais présenté. Il propose de nouvelles mesures prometteuses, notamment de nouveaux investissements à hauteur de 10 milliards de dollars canadiens. Mais, il n’atteint toujours pas le niveau d’ambition ni de transparence requis.

Alors que la guerre et la pandémie font rage ce printemps, nous sommes témoins des impacts dévastateurs de la crise climatique partout sur la planète. Pour répondre à ce défi existentiel, tous les ministères et tous les secteurs de l’économie doivent faire leur part pour accélérer l’action climatique à tous les niveaux, mais ce plan montre que certains secteurs refusent de faire leur part.

Réduire les émissions de 40 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030 est dangereusement inadéquat face à l’escalade des impacts dans le monde entier et à la fenêtre étroite pour éviter des niveaux catastrophiques de réchauffement. Le Réseau action climat Canada demande au gouvernement de réhausser son objectif de 2030, comme convenu dans le cadre du Pacte climatique de Glasgow. Pour faire sa juste part de l’effort mondial pour limiter le réchauffement à 1,5°C, le Canada doit réduire ses émissions de 60% sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.

Ce plan montre que l’industrie pétrolière et gazière – le secteur le plus polluant de l’économie – bloque tout effort pour que le Canada prenne des mesures climatiques ambitieuses dont nous avons besoin. En conséquent le fardeau de l’inaction de l’industrie retombe sur les canadiens et canadien.ne.s, les autres secteurs, les travailleur.euse.s et les consommateurs. Depuis 2005, les émissions provenant du pétrole et du gaz ont augmenté de 20 %, tandis que les émissions provenant de l’électricité ont diminué de 48 %. Le nouveau Plan de réductions des émissions du Canada prévoit que l’industrie pétrolière et gazière ne réduira ses émissions que de 31 % d’ici 2030 sous les émissions de 2005; en comparaison, le secteur de l’électricité réduira ses émissions de 88 %.

Ce nouveau plan comprend, notamment:

L’engagement du gouvernement d’imposer un plafond aux émissions du secteur gazier et pétrolier. Le plan n’énonce pas de règlements pour le plafonnement des émissions ; il note que les ministres Guilbeault et Wilkinson travailleront là-dessus au cours de la prochaine année. La réglementation sur le plafonnement des émissions du secteur devra corriger l’inacceptable inégalité dans la réduction des émissions au Canada entre les différents secteurs de l’économie. Il devra mettre de l’avant un plafonnement crédible permettant une décroissance rapide de la pollution du pétrole et le gaz.

Un objectif réglementé de ventes obligatoires de véhicules électriques d’au moins 20 % d’ici 2026 et de 60 % d’ici 2030 pour soutenir l’objectif de 100 % des ventes d’ici 2035, ainsi qu’un engagement envers un mandat de véhicules électriques pour les véhicules moyens et lourds.

Une norme d’électricité propre qui vise à amener le secteur à des émissions nulles d’ici 2035.

Un objectif intérimaire de 2026 visant à réduire les émissions de 20 % par rapport aux niveaux de 2005, ce qui constituera un premier test pour savoir si le Canada est sur la bonne voie pour atteindre son objectif de 2030.

Avec ce plan, nous pouvons pour la première fois suivre les réductions d’émissions. Mais, pour faire face à la crise climatique, nous avons besoin d’accélérer la vitesse dans l’implantation des mesures et des politiques existantes afin d’implanter une transformation socio-économique plus profonde et plus large. Il demeure très inquiétant que le Canada manque toujours de clarté en ce qui concerne sa stratégie pour assurer une transition juste pour les travailleurs et travailleuses et pour les communautés. Nous devons nous assurer que les politiques de réduction des émissions s’accompagnent d’un soutien accru pour les travailleurs et travailleuses afin que ces politiques ne reproduisent pas des inégalités, et que personne ne soit laissée pour compte.

Citations:

  • Caroline Brouillette, Directrice des politiques nationales, Climate Action Network – Réseau action climat Canada:
    « La lutte contre les changements climatiques doit être un effort d’équipe mais le plan publié aujourd’hui montre que plusieurs joueurs restent sur le banc. À l’époque de la convergence des crises, nous avons besoin d’une approche climatique où tout le monde contribue, mais selon ce plan, certains secteurs – notamment le pétrole et le gaz – ne contribueront pas à leur juste part, laissant le fardeau aux travailleurs, aux consommateurs et aux autres industries.
    « Le Plan de réduction des émissions pour 2030 offre plus de détails et de transparence que tout autre plan climatique canadien à ce jour, mais ne parvient pas à saisir l’urgence du moment. Les mesures prévues dans ce plan ne permettent de réduire les émissions que de 40 %, soit la limite inférieure de la fourchette à laquelle le gouvernement s’est engagé. Dorénavant, le gouvernement – tous ses ministères – doit contribuer à accroître l’ambition à chaque occasion et éviter de perdre un temps précieux alors que la fenêtre pour éviter les impacts climatiques les plus dévastateurs se referme rapidement. »
  • Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales, Équiterre:
    « Le gouvernement nous présente le plan le plus complet à ce jour. Il couvre tous les secteurs et devrait tracer la voie vers l’atteinte de notre cible de 2030. Nous verrons si le financement, la réglementation et la volonté politique suivront. »
  • Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l’Atlantique, Fondation David Suzuki:
    « Ce plan a de meilleures chances de succès que tous les plans climatiques canadiens qui l’ont précédé s’il est mis en œuvre rapidement, si les principales lacunes sont corrigées et si la contribution du secteur pétrolier et gazier est rehaussée. »
  • Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada:
    « Les récentes catastrophes alimentées par la crise climatique et le conflit actuel en Europe ont démontré une fois de plus l’urgence d’un plan qui accélère la transition vers l’abandon des combustibles fossiles. Pour la première fois, un plan climatique canadien prévoit que le secteur pétrolier et gazier réduise significativement ses émissions. Toutefois, les exigences envers l’industrie pétrolière et gazière sont insuffisantes et le plan est trop axé sur le financement public de solutions technologiques risquées plutôt que sur la transition vers les énergies propres. Après trois décennies de lobbying par l’industrie pétrolière qui a mis en échec les plans climatiques précédents, il est essentiel d’augmenter la pression sur les politiciens pour s’assurer qu’ils forcent enfin l’industrie à faire sa juste part. »
  • Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec:
    « Le gouvernement démontre du leadership sur les changements climatiques et la transition juste, mais la FTQ s’inquiète quand même que le Canada ne puisse atteindre la cible de l’Accord de Paris. Nous sommes également préoccupés du peu de place consacré dans le plan au financement du transport collectif et à la mise en place d’une véritable politique industrielle, par secteur d’activité, qui nous permettrait d’intervenir en profondeur sur la transformation des milieux de travail. »
  • Ugo Lapointe, Consultant indépendant et porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine:
    « Alors que le plan fixe des objectifs de réduction cruciaux pour les industries de la fonderie et de l’affinage (-30%), de la sidérurgie (-35%) et du ciment (-49%), il laisse complètement à l’écart le secteur minier (+2 % d’augmentation). Le Canada doit suivre le leadership européen et en faire plus pour réduire son empreinte matérielle avec des objectifs contraignants en matière de recyclage et de circularité des minéraux. »

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