2018.09.10

2018.09.10

Des centaines de bains non donnés en CHSLD

Québec, le 10 septembre 2018. – La présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service, Sylvie Nelson, accompagnée du président de la FTQ, Daniel Boyer, et du président-directeur général du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, a dévoilé, devant l’Assemblée nationale, cet après-midi, une série de services qui n’ont pas été rendus aux résidents et résidentes dans les CHSLD et les hôpitaux où le syndicat est présent.

En effet, depuis le début de l’été, le SQEES a fait circuler des formulaires de fardeau de tâches afin que les membres puissent définir les tâches qu’ils n’ont pas eu le temps d’exécuter lors de leur journée de prestation de service. Cette procédure prévue à la convention collective du réseau de la santé et des services sociaux permet aux comités de relations de travail de trouver des solutions aux fardeaux excessifs des travailleurs et des travailleuses. Dans le cas contraire, le syndicat peut même faire appel à l’arbitrage de litige.

Cet été, le syndicat a reçu 543 formulaires de la part de personnes préposées aux bénéficiaires. Malheureusement, les tâches non faites sont trop nombreuses et affectent directement le service à la population :

Parmi les tâches non effectuées, on compte :

  • 543 bains
  • 542 toilettes partielles (lavage à la débarbouillette)
  • 725 lits non faits ou literies non changées
  • 657 repositionnements de bénéficiaires
  • 937 nettoyages de surfaces (tables, fauteuils roulants, etc.)
  • 761 tournées de changement de culottes d’incontinence
  • 824 promenades de résidents et résidentes
  • 503 rasages de barbe
  • 463 coupes d’ongles

Les causes principales des tâches non faites par les personnes préposées sont le sous-effectif et le non-remplacement des absences (423 fois), ainsi que l’appel au personnel d’agence (78 fois) qui a comme conséquence de ralentir la cadence de travail.

«Dans certains départements, il manque parfois tellement de personnel qu’il reste sur des étages moins de travailleuses et de travailleurs qu’il est prévu à la loi des services essentiels. Non seulement la pénurie de personnel est plus grave que jamais, mais le taux d’absentéisme pour cause de maladie ou de blessure ne cesse de croître depuis la mise en place de la réforme Barrette», se désole la présidente du SQEES-FTQ, Sylvie Nelson.

«Ces chiffres sont effarants et désespérants. C’est ni plus ni moins que de la maltraitance organisationnelle, constate Sylvie Nelson. Ce n’est là qu’un mince échantillon de ce qui se passe dans nos établissements de santé. Le Conseil pour la protection des malades a bien raison d’aller de l’avant avec sa demande de recours collectif.»

«Les chiffres que le SQEES-FTQ fournit aujourd’hui témoignent de la pertinence de la demande faite à la Cour supérieure d’accueillir notre action collective aux noms des résidents et résidentes des CHSLD. Si ces exemples ne concernent que les établissements où ce syndicat est présent, je vous confirme que c’est la même réalité ailleurs, affirme le président-directeur général du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet. Si on n’a pas de personnel compétent en nombre suffisant, on délaisse nos aînés en CHSLD. Faudra-t-il une décision de la cour pour qu’enfin, ça bouge ? L’inaction a assez duré.»

«Les partis politiques prennent de bien beaux engagements pour du béton, mais aucun ne semble se préoccuper du minimum nécessaire à la vie décente de nos aînés, remarque le président de la FTQ, Daniel Boyer. Il faut que les partis prennent des engagements clairs avec les sommes nécessaires pour pallier le manque de main-d’œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux. Le personnel est à bout de souffle.»

Pour le SQEES-FTQ, les solutions doivent viser la rétention et l’attraction du personnel :

  • Valoriser le personnel, notamment par un salaire qui reflète leurs tâches;
  • Une meilleure conciliation travail – vie personnelle;
  • Revoir l’organisation du travail en collaboration avec les représentants des travailleuses et des travailleurs, plutôt que de façon unilatérale;
  • Favoriser la création de postes à temps complet, sans horaire atypique;
  • Réduire et éliminer progressivement le personnel d’agence.

La campagne de fardeau de tâches du SQEES-FTQ, sous le thème Humanisons nos tâches, se poursuit et vise tous les titres d’emplois syndiqués du réseau de la santé et des services sociaux. Les résultats encore sommaires démontrent que tous les départements, des cuisines au service de la paie, en passant par les professionnels, souffrent de manque de personnel et de fardeaux de tâches.


Quelques commentaires laissés sur les formulaires de fardeau de tâches par des travailleuses :

Je n’ai pas eu le temps de remplir mon rapport de fin de quart. Je n’ai pas eu le temps de changer 2 patients (tournée en PM). Je n’ai pas eu le temps de faire aucun lit. Trop de cloches sonnaient.

Présentement, les personnes en vacances ne sont pas remplacées, car l’employeur dit qu’il n’a pas trouvé de nouveaux préposés. Nous avons presque la moitié des préposés en CSST ou en maladies. Le 1er juillet nous étions 4 PAB de soir au lieu de 12, en plus avec la canicule. Notre employeur nous a dit de nous hydrater et de faire un résident à la fois. Nous avons fait notre possible, car nous aimons nos résidents, mais c’était dur de voir l’indifférence de mon employeur, car on travaille avec des humains qui ont besoin de nous et on ne peut même pas donner le service adéquat. C’est la première fois que je remplis ce formulaire, mais c’est pareil presque tous les jours.

Mes tâches ont toutes été faites, mais je n’ai pas pu prendre de pause et de plus j’ai pris seulement 30 minutes pour diner au lieu de 45.


La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente plus de 600 000 travailleurs et travailleuses.

Le SQEES-FTQ représente 25 000 membres partout au Québec, majoritairement dans le secteur de la santé et des services sociaux. Il est le plus grand syndicat dans le secteur des résidences privées pour personnes âgées en plus d’être un chef de file dans la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs de l’économie sociale et des OSBL. Il est affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la plus grande centrale syndicale québécoise, avec plus de 600 000 membres.

Le Conseil pour la protection des malades est un organisme à but non lucratif, œuvrant à la défense des droits des usagers du réseau de la santé depuis bientôt 45 ans. Il est le seul organisme national, indépendant et militant pour les droits des usagers.

 

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