Chine L’atelier du monde ne tourne pas rond
Un récent rapport d’Amnistie internationale dénonce les conditions de vie et de travail des quelque 150 à 200 millions travailleurs et de travailleuses migrants, forcés de quitter les zones rurales de la Chine pour trouver du travail dans les zones industrielles en pleine expansion. Ils y subissent une importante exploitation en étant forcés d’effectuer de nombreuses heures supplémentaires dans des conditions dangereuses et souvent sans droit à des vacances ou même à des congés de maladie.
Pas étonnant que les manifestations et les grèves spontanées se multiplient dans le pays. Les travailleurs et les travailleuses se plaignent notamment des bas salaires et des conditions de vie souvent pénibles dans ce qui pourrait être assimilé à des « camps de travail ». De plus, il arrive très souvent que leurs employeurs ne les paient pas pendant des semaines.
Depuis que la Chine a abandonné ses grands idéaux égalitaristes en se lançant tête baissée dans l’économie de marché, les disparités et les injustices sociales se sont gravement accrues. Devant l’instabilité grandissante, le gouvernement commence à réagir. Il met en place un peu plus de contrôle de l’application de ses lois et règlements concernant le travail. Il a même, au printemps 2006, déposé un projet de loi sur les contrats de travail.
Selon l’UITA , des millions de travailleurs et de travailleuses privés de contrats de travail et des droits qui en découlent en bénéficieraient si cette loi était adoptée. Elle réduirait à six mois les périodes d’essai actuellement illimitées. D’autres mesures régiraient les indemnités de départ et les licenciements. Évidemment il faudrait d’abord que cette loi soit adoptée et que les autorités veuillent vraiment la faire appliquer.
On n’en n’est évidemment pas là. Un fort lobby des chambres de commerce américaines et européennes s’exerce contre une telle loi. Des grandes multinationales, qui font fabriquer des masses de produits en Chine, menacent de transférer leur production si les droits des travailleurs et des travailleuses sont renforcés. On parle maintenant de vagues de délocalisation vers le Vietnam ou d’autres pays d’Asie du Sud-Est.