Le développement fulgurant des régimes de retraite, dans les années cinquante et soixante, est le résultat des batailles syndicales des travailleurs et des travailleuses. Les régimes de retraite ont aujourd’hui atteint une certaine maturité et les caisses de retraite ont maintenant un impact important sur l’économie. Elles sont les acteurs privilégiés du financement d’entreprises, ici et ailleurs dans le monde.

Toutefois, ces sommes énormes, qui sont la propriété collective des travailleurs et des travailleuses, sont trop souvent utilisées contre l’intérêt de ces derniers. Lorsque la recherche du profit à court terme se traduit par des pertes d’emplois et des fermetures d’entreprises, les caisses de retraite ne travaillent pas au bénéfice des travailleurs et des travailleuses.

Nous croyons qu’il ne doit pas en être ainsi. La force économique que constitue l’épargne pour la retraite de nos membres peut et doit être utilisée à leur profit collectif. Nous devons utiliser cette épargne pour construire une société meilleure, pour modeler un peu plus à notre image la société dans laquelle nous vivons. Par nos décisions, nous devons faire en sorte que notre épargne devienne notre alliée. Nous l’expérimentons déjà avec le Fonds de solidarité de la FTQ, le capital des travailleurs et des travailleuses qui est utilisé pour le maintien et la création d’emplois. Nous pouvons faire plus en utilisant aussi nos régimes privés de retraite et en développant un militantisme d’actionnariat. Nous pouvons et nous devons donc nous inscrire dans cette grande tendance nord-américaine et mondiale.

Toutefois, notre obligation de bien nous occuper de l’intérêt de nos membres ne doit pas se faire au détriment de nos revendications traditionnelles sur la mise en place d’un régime public de retraite digne de ce nom. Dans le système mixte québécois de retraite, trop de gens sont laissés pour compte. Il faut donc continuer à revendiquer une plus grande place pour le volet public de notre système de retraite.