Grand dossier : La vie chère
Insécurité alimentaire et inégalités de patrimoine
Dans ce dossier spécial, Le Monde ouvrier a choisi de braquer les projecteurs sur la crise de la vie chère : non seulement pour démystifier ces raccourcis faciles, mais pour explorer des solutions ambitieuses et nécessaires face à une situation aussi déplorable. Car il ne s’agit pas seulement de logements, mais d’un modèle de société qui dérape.
Une insécurité alimentaire inacceptable
En rencontre avec l’organisme Le Pignon bleu l’été dernier, le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, s’est entretenu avec sa directrice générale Roseline Roussel.
« On n’a jamais vu une situation comme on la vit en ce moment, confie-t-elle. La moitié des gens qui nous fréquente, ce sont des travailleuses et des travailleurs au salaire minimum alors qu’avant la pandémie c’était environ 10 %. Tu travailles 40 heures par semaine, pour finalement ne pas être capable de te loger et te nourrir. Ces gens-là travaillent très fort. Les familles font du mieux avec ce qu’elles ont, mais elles n’y arrivent pas. Une petite de 7 ans est venue nous voir avec son argent de poche parce que sa mère n’avait plus les moyens de payer le montant de 1,60 $ pour un dîner fourni par notre organisme. Ça n’a aucun sens qu’une enfant doive supporter ce poids-là. On en voit beaucoup d’histoires comme ça. C’est inacceptable que le gouvernement accepte ça. »
Des inégalités de patrimoine
Non seulement les ménages locataires doivent subir les aléas du marché du logement, mais plusieurs vivent dans la pauvreté, car le paiement du loyer occupe une place disproportionnée dans leurs dépenses. Ces inégalités sont aussi présentes pour la richesse. L’observatoire des inégalités a également compilé des données qui montrent que les familles propriétaires disposaient en 2019 d’un patrimoine 20 fois plus élevé que celles qui sont locataires. L’augmentation des prix de l’immobilier des dernières années combinée à la hausse du prix des loyers viendra inévitablement accentuer ces inégalités de patrimoine entre propriétaires et locataires.
Si c’est trop cher à loyer, les jeunes ont juste à s’acheter une maison.
Le prix médian d’une maison unifamiliale au Québec s’élève en août 2024 à 443 000 $ en hausse de 7 % par rapport à 2023. Les hausses de prix sont notamment attribuables à une demande plus forte que l’offre. De plus, avec la hausse des taux d’intérêt, la mise de fonds requise, il est reconnu que l’accès à la propriété est de plus en plus difficile pour les jeunes.