Grand dossier : La vie chère

Logement et emploi vont de pair


Dans ce dossier spécial, Le Monde ouvrier a choisi de braquer les projecteurs sur la crise de la vie chère : non seulement pour démystifier ces raccourcis faciles, mais pour explorer des solutions ambitieuses et nécessaires face à une situation aussi déplorable. Car il ne s’agit pas seulement de logements, mais d’un modèle de société qui dérape.

Logement et emploi vont de pair

À une certaine époque, des dirigeants de la FTQ expliquaient que la centrale s’était donné trois priorités : l’emploi, l’emploi et l’emploi. Elle continue d’être obsédée par cette question. Dans un contexte de hausse du coût de la vie et de chômage relativement faible, la qualité des emplois devient aussi importante que leur quantité.

La crise de l’habitation, avec des prix élevés et la rareté de l’offre de logements à prix raisonnable, entraîne des conséquences sur l’emploi, les deux marchés étant fortement liés. Pour certaines travailleuses et certains travailleurs, les difficultés à dénicher un logement abordable et décent viennent affecter leur capacité à occuper un emploi, même bien rémunéré.

Avec les prix élevés des loyers, déménager devient plus risqué surtout si on dispose d’un logement qui correspond à la capacité de payer. Il est normal d’avoir certaines réticences à accepter un emploi dans des villes où le prix des appartements et des maisons est élevé, surtout si le taux d’inoccupation est faible. Celui-ci peut se rapprocher de 0 % dans certaines municipalités. Plusieurs articles de journaux font état des difficultés des entreprises à recruter de la main-d’œuvre en raison du manque flagrant de logements. Certaines d’entre elles doivent même se lancer en immobilier pour continuer d’opérer. En outre, les prix élevés font en sorte que les travailleuses et les travailleurs doivent parfois s’éloigner de leur milieu de travail, ce qui entraîne une augmentation des temps et des coûts de déplacement.

Cette situation pourrait entraîner d’autres conséquences extrêmement néfastes. Dans les villes américaines inabordables, comme San Francisco, les travailleuses et les travailleurs n’ont tout simplement plus les moyens d’habiter à proximité de leur lieu de travail. Si la crise de l’habitation se poursuit, on peut s’attendre à une pénurie de main-d’œuvre accrue pour les services publics.

Dans mon temps je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste chercher un peu.

Dans les grands centres au Québec, le loyer moyen pour un deux chambres à coucher s’élevait à 1 042 $ en octobre 2023 selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Cela dit, les prix des loyers sur le marché sont beaucoup plus élevés. D’après le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le loyer moyen demandé sur Kijiji pour un 4 ½ était de 1504$ en 2023. Sur le site Rentals.ca, le loyer moyen demandé en septembre 2024 pour un deux chambres à coucher au Québec était de 2168$! Et tout le reste n’est pas encore payé : téléphone, chauffage, épicerie.

Plusieurs régions, comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, font actuellement face à de graves pénuries de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux, lesquelles mettent en péril les services auxquels ont droit les citoyennes et les citoyens. Karine Cabana, conseillère au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), a été impliquée de près dans les négociations pour mettre sur pied des équipes volantes afin de limiter le recours aux agences privées de placement. « Jamais dans les négociations on a abordé la disponibilité de logements comme une des causes de la pénurie dans ces régions, explique-t-elle. Cela dit, ça ne prend pas de grandes analyses pour comprendre qu’il manque sérieusement de logements sur la Côte-Nord. On a beau vouloir faire venir des infirmières ou des préposées aux bénéficiaires, mais il va falloir trouver un endroit où les loger. C’est clair que la crise du logement est un frein dans la recherche d’une solution permanente. »

Plusieurs régions, comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, font actuellement face à de graves pénuries de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux, lesquelles mettent en péril les services auxquels ont droit les citoyennes et les citoyens. Karine Cabana, conseillère au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), a été impliquée de près dans les négociations pour mettre sur pied des équipes volantes afin de limiter le recours aux agences privées de placement. « Jamais dans les négociations on a abordé la disponibilité de logements comme une des causes de la pénurie dans ces régions, explique-t-elle. Cela dit, ça ne prend pas de grandes analyses pour comprendre qu’il manque sérieusement de logements sur la Côte-Nord. On a beau vouloir faire venir des infirmières ou des préposées aux bénéficiaires, mais il va falloir trouver un endroit où les loger. C’est clair que la crise du logement est un frein dans la recherche d’une solution permanente. »