2002.11.13

2002.11.13

6 décembre 2002 – Journée de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes

Harcèlement psychologique : Souffrance au travail

La lutte contre la violence faite aux femmes doit s’inscrire en priorité dans nos actions parce que cette violence porte atteinte à la dignité, au respect et à l’égalité auxquelles toutes ont droit au travail. L’une des formes de cette violence est le harcèlement psychologique.

Le dernier congrès de la FTQ adoptait une résolution voulant que la FTQ fasse pression auprès du gouvernement du Québec pour inclure la notion de harcèlement moral dans les lois et règlements pertinents et ce, dans une perspective de prévention et de sanction. Cette résolution visait à prohiber toute forme de harcèlement au travail, protéger les travailleurs et travailleuses et soutenir ceux et celles qui en sont victimes.

Premières lueurs d’espoir au Québec

Une première étape vient d’être franchie. Suite à la consultation publique du printemps dernier, le ministre Rochon vient tout juste1 de déposer un projet de loi modifiant les normes minimales du travail pour y inclure des dispositions concernant le harcèlement psychologique. Il répond aux demandes syndicales et communautaires pour inclure des mesures prévoyant un recours spécifique pour les victimes de harcèlement psychologique.

Dès que la loi sera adoptée, on pourra compter sur une définition du phénomène, un droit pour les salariées et salariés de bénéficier d’un milieu de travail exempt de harcèlement psychologique, une obligation aux employeurs de prendre les moyens pour assurer un tel milieu et un recours spécifique pour les salariées et salariés. 2

Un «plus» pour les femmes et les jeunes

Ces mesures viendront en aide aux plus vulnérables, majoritairement des femmes et des jeunes, parce que ce sont elles et eux surtout qui vivent des situations de précarité sur le marché du travail.

Des études 3 indiquent que «…la fréquence des harcèlements semble être plus élevée pour les femmes». «La plupart des hommes déclarent être harcelés à chaque semaine, tandis que les femmes le sont à chaque jour ou presque 4.» La situation semble se vérifier au Québec ; non seulement y a-t-il eu augmentation marquée des cas rapportés de harcèlement psychologique5 passant de 97 en 1996 à 192 en 2000, mais les femmes en sont victimes dans 78,6 % de ces cas.

De quoi parle-t-on ?

Comment le harcèlement psychologique se distingue-t-il de la violence, de l’abus de pouvoir, de la relation d’autorité ou de l’agressivité ?

Dans un rapport qu’il rendait public en mai 2001, le Comité interministériel sur le harcèlement psychologique au travail retenait la définition suivante :

Une conduite se manifestant par des paroles, des actes ou des gestes généralement répétés ou non désirés, et qui est de nature à porter atteinte à la dignité, à l’intégrité psychologique ou physique de la personne ou de nature à compromettre un droit, à entraîner pour elle des conditions de travail défavorables, une mise à pied, un congédiement ou une démission forcée. Un seul acte grave qui engendre un effet nocif peut aussi être considéré comme du harcèlement.

Le Comité ajoutait :

Le processus de harcèlement psychologique est explicité à partir des actes et des comportements qui peuvent y être liés, des stratégies utilisées par les personnes qui font du harcèlement et celles employées par les victimes et de certains des facteurs favorisant l’occurrence d’incidents de harcèlement. 6

Du côté des causes

Au nombre des déclencheurs du harcèlement psychologique :

  • les conflits interpersonnels ;
  • les changements organisationnels ;
  • la précarisation du travail ; et
  • l’exercice d’un droit.
  • Et des effets…

  • mettre en péril l’emploi des travailleuses et des travailleurs qui en sont victimes ;
  • dégrader le climat de travail ;
  • porter atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique des travailleuses et des travailleurs ;
  • miner leur santé, leur vie et celle des leurs ; etc.
  • Manifestations les plus fréquentes du harcèlement psychologique

  • attaques constantes par rapport au travail accompli (68%) ;
  • gens parlent dans leur dos (56%) ;
  • possibilité d’exprimer leurs opinions ont été limitées (68%) ;
  • performance a été évaluée sur la base de fausses prémisses (55%) ;
  • insinuations sans rien dire directement (67%) ;
  • personne a été traitée comme si elle n’existait pas (50%) ;
  • regards négatifs ou gestes qui ont un sens négatif (58%) ;
  • menaces verbales (49%) ;
  • leurs jugements ont été remis en question (58%) ;
  • quelqu’un criait après eux (44%).
  • À l’aide !

    Selon Francine Burnonville, coordonnatrice du Réseau des déléguées et délégués sociaux du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain :

    Ce n’est pas normal de travailler dans un environnement toxique pour notre santé physique et ce n’est pas plus normal de travailler dans un environnement toxique pour notre santé mentale. Cependant, si les contaminants psychologiques ne sont pas clairement identifiés et mesurés, ils n’en existent pas moins pour autant. Le nombre d’épuisements professionnels et la «démoralisation générale» au travail en témoignent.

    Que faire alors ?

    Mme Burnonville suggère plusieurs pistes d’action pour s’en sortir.

    Les victimes devraient en parler, même si c’est difficile et, si possible, avoir des témoins. Elles devraient également contacter leurs syndicats pour de l’aide. Les syndicats sont de mieux en mieux outillés pour prévenir ce genre de problèmes, y faire face et soutenir leurs membres. À cet effet, ils peuvent également compter sur différents réseaux (condition féminine, santé et sécurité du travail, déléguées et délégués sociaux, etc.). Dans certains milieux, on s’est donné des «codes de conduite» concernant la violence psychologique et le harcèlement.

    Par ailleurs, les employeurs ont le devoir d’assurer un milieu de travail sans danger pour la santé (physique et mentale). Encore faut-il qu’ils sachent qu’il y a des problèmes pour pouvoir des solutions adéquates.

    Et nous, que faisons-nous ?

    À la FTQ, le 6 décembre est un moment privilégié de prise de conscience collective pour assainir nos rapports. Agissons !


    Consultez aussi la section «Journée internationale des femmes : 8 mars» pour un autre guide de réflexion et d’action sur la violence en milieu de travail, notamment la violence faite aux femmes.



    1- 7 novembre 2002
    2- Communiqué, Québec, Révision de la Loi sur les normes du travail, 7 nov. 2002
    3- Leymann, H. (1990). Mobbing : Men and Women do it in different ways. Working Environment, 18-19, cite dans Soares, A. (2002). Harcèlement psychologique au travail : mieux comprendre pour mieux prévenir. Document non public, p. 16.
    4- Soares, A. (2002), op. cit.
    5- Selon les dossiers de l’organisme Au bas de l’échelle, cité dans Soares, A. (2002), op. cit.
    6- Québec (2001). Rapport du Comité interministériel sur le harcèlement psychologique au travail, Sommaire, p. v.

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