Vivre au Québec, entrevue avec Hoa Tran Lam

La crainte de l’avenir et le désir d’assurer à leurs enfants une vie meilleure ont incité un grand nombre de Vietnamiens à quitter leur pays. Par exemple, entre 1978 et 1981, plus d’un million de personnes ont fui par la mer; ce sont les « boat people ».

C’est dans ce contexte que Hoa Tran Lam arrive au Québec en septembre 1982 avec son fils de onze ans. Elle transporte aussi avec elle le douloureux chagrin de la perte de son mari, disparu en 1980 en essayant de fuir le Vietnam.

Comme la plupart des immigrants, Hoa Tran se met rapidement à la recherche d’un emploi. Rien ne prédestinait cette femme au marché du travail, si ce n’est que la guerre qui lui a imposé un autre destin. C’est donc sans aucune expérience du marché du travail que Hoa Tran est embauchée comme couturière chez Vêtements Peerless Inc., deux mois après son arrivée au Québec. Vêtements Peerless Inc. est le plus grand manufacturier de vêtements pour homme en Amérique du Nord et la presque totalité de ses 3 500 employés est d’origine immigrante.

En 1982, on est loin d’une langue commune au travail chez Peerless; les cultures et langues s’entremêlent. Pour arriver à se comprendre, l’entreprise et le syndicat local font appel à des intermédiaires. Les délégués syndicaux sont nommés, pour la plupart, en fonction de leurs connaissances linguistiques. Hoa Tran parle quatre langues : le vietnamien; le chinois, le mandarin et l’anglais. Comme il y a un très grand nombre de travailleuses et de travailleurs d’origine asiatique, Hoa Tran s’impose, un peu malgré elle, comme l’agent de liaison tant syndical que patronal. C’est l’époque où le syndicat local est indépendant. L’affiliation au syndicat international des Teamsters surviendra en 1998.

En 1988, le comité exécutif de la section locale compte dix-sept personnes qui ne parlent pas ou peu le français. C’est alors que la présidente, Aline Lachapelle, organise des cours de français à l’intention des membres de son exécutif. Parmi eux, il y a Hoa Tran, devenue une personne respectée, consultée et toujours disponible pour aider ses collèges de travail. Sa rencontre avec la section locale allait lui permettre de recevoir l’encadrement et le soutien voulu.

Aujourd’hui, Hoa Tran parle très bien le français ainsi que tous les membres du comité exécutif de la section locale. Elle poursuit son travail de déléguée tout en jouant le rôle d’interprète et en assumant la fonction de trésorière.

Quand on demande à Hoa Tran ce que cette vie syndicale lui apporte, son regard s’illumine : « Voyez, dit-elle, en montrant la présidente de la section locale et les trois ou quatre délégués en sa présence, les belles amitiés que nous avons tissées autour de la solidarité qui nous a réunis. La vie syndicale me permet d’être plus consciente des enjeux professionnels et sociaux du monde du travail et de participer concrètement à l’élaboration des moyens pour mieux servir celles et ceux que nous représentons. Le syndicat, c’est comme une famille quand il y a un problème, on le regarde en pleine face et on cherche ensemble une solution ».

Comme toute belle histoire se doit d’avoir une fin heureuse, Hoa Tran est fière de nous dire que son fils est maintenant microbiologiste et que son compagnon de vie est haïtien et qu’il travaille chez Peerless comme presseur depuis 29 ans. Quand on s’est connu, précise-t-elle, « il ne parlait pas anglais et moi je ne parlais pas français. Les regards et les gestes ont fait le travail ».

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