2003.04.21

2003.04.21

Il y a trente ans, le premier mai 1973…Pour la libération des présidents en prison pour NOUS!

210 000 travailleurs et travailleuses des secteurs public et parapublic, membres de la CSN, de la CEQ et de la FTQ, unis dans un premier Front commun de négociations avec l’état employeur.

Une revendication majeure : un salaire de base de 100 $ par semaine pour plus de 50 000 d’entre eux.

Les pourparlers, entrepris au printemps 1971, traînent en longueur. En mars 1972, on vote la grève. Le 11 avril, c’est la grève générale illimitée. Les tribunaux émettent des injonctions, aussitôt défiées dans de nombreux établissements. Dix jours après, le gouvernement Bourassa adopte une loi spéciale, la loi 19, qui force le retour au travail sous peine de lourdes amendes et d’emprisonnement.

Le 26 avril 1972, les présidents Louis Laberge, Marcel Pepin et Yvon Charbonneau reçoivent une ordonnance de comparution en Cour pour outrage au tribunal, parce qu’ils ont conseillé aux grévistes de défier les injonctions. Le juge Pierre Côté leur assène la peine maximale, un an de prison.

Le lendemain du prononcé de la sentence, les trois présidents prennent le chemin d’Orsainville. Ils ont quinze jours pour en appeler de la sentence.

Mai 1972
Commencent alors ce que l’histoire a appelé les «Événements de mai 1972». Près d’un demi-million de grévistes vont participer à un vaste mouvement de débrayages spontanés et… illégaux pour réclamer la libération de leurs leaders. Le Québec tout entier est confronté à une immense vague de désobéissance civile. Après neuf jours de débrayage, le 18 mai, les trois chefs décident de porter leur cause en appel et demandent aux grévistes de retourner au travail. Les négociations reprennent avec un nouveau porte-parole patronal, Jean Cournoyer. Le Front commun remporte la partie de haute lutte et réalise des gains majeurs.

Mais en janvier 1973, la Cour suprême du Canada rejette la requête d’en appeler des trois chefs, qui doivent retourner purger leur peine. Ils reprennent donc le chemin d’Orsainville.

Le premier mai 1973, répondant à l’appel du mouvement syndical et du Parti Québécois, plus de 30 000 personnes réclament la libération des trois chefs lors d’un des grands rassemblements du siècle dernier.

En prison pour nous
Pour sentir toute l’ambiance de cette période chaude de notre histoire, quoi de mieux que des images oubliées et un témoignage de haute valeur, celui de Louis Laberge, celui qui était «En prison pour NOUS» :

«Près de 65% des membres de la FTQ des secteurs public et parapublic ne gagnaient pas 100 $ par semaine avant les dernières négociations avec le gouvernement. En 1974, quand expirera le contrat de travail que nous avons signé avec le gouvernement et ses partenaires, pas un seul de ces travailleurs ne gagnera moins de 100 $.

Aujourd’hui, me voilà en prison purgeant une peine d’un an d’emprisonnement parce que j’ai cru qu’il était de mon devoir de défendre les droits et les intérêts des travailleurs de l’État qui étaient bafoués par leur employeur.

(…) On a essayé de nous accoler, tout au long de ce long processus, l’étiquette de «négociation politisée» comme si, à l’intérieur du cadre prévu par la loi, il n’était pas possible de négocier tout bonnement, tout simplement, une convention collective avec l’État employeur, à la condition bien sûr que l’État respecte les règles du jeu qu’il a lui-même fixées au préalable.

(…) Le gouvernement pourra toujours rejeter la responsabilité de notre emprisonnement sur ses tribunaux, comme s’il n’avait pas été l’instigateur de toute cette bouffonnerie légale, mais nous savons tous que, s’il acceptait sa part de responsabilité, il pourrait nous libérer au lieu de nous garder en prison.»

Et comme il le rappelait plus tard : «Je suis convaincu que si nous n’avions pas fait la grève générale et n’avions pas refusé d’obéir aux injonctions, nous n’aurions jamais pu obtenir un tel règlement».

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